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Actions collectives en droit du travail : vers une multiplication des “class actions” à la française ?

Les actions de groupe – souvent présentées comme l’équivalent français des « class actions » américaines – restent encore rares en droit du travail. Pourtant, plusieurs évolutions récentes laissent penser que ce type de procédure pourrait se développer dans les années à venir. Face à la multiplication des litiges liés au temps de travail, aux discriminations ou encore aux restructurations, les syndicats et associations de salariés s’interrogent : les actions collectives vont-elles enfin devenir un outil plus fréquent pour défendre les droits des travailleurs ?
Contents
Un dispositif encore trop peu utilisé
Introduites en France en 2016 dans le champ social, les actions de groupe permettent à une organisation syndicale représentative d’engager une procédure au nom d’un ensemble de salariés victimes d’un même manquement de l’employeur. Elles concernent principalement les discriminations, l’égalité professionnelle ou les atteintes aux droits fondamentaux.
Pourtant, seules quelques affaires ont été menées depuis leur création. Plusieurs facteurs expliquent cette rareté :
- un cadre juridique restrictif,
- une complexité procédurale,
- et la nécessité, pour les syndicats, de consacrer du temps et des moyens financiers importants à ce type d’action.
En pratique, les salariés se tournent encore majoritairement vers des recours individuels ou des actions collectives traditionnelles portées par des syndicats devant les prud’hommes.
Un contexte juridique et politique qui évolue
Si les actions de groupe restent marginales, c’est en partie parce que leur champ d’application demeure limité. Cependant, plusieurs signaux montrent que les lignes commencent à bouger.
La multiplication des contentieux liés à des problématiques systémiques – comme des plans sociaux mal préparés, des irrégularités massives dans le calcul du temps de travail, ou des situations de discrimination généralisée – encourage les salariés à se regrouper pour peser davantage. Les syndicats, eux, y voient une manière de renforcer leur influence dans un monde du travail fragmenté.
Par ailleurs, l’agenda politique pourrait contribuer à un usage plus fréquent. Des réflexions sont en cours sur l’élargissement du périmètre des actions de groupe, notamment pour les ouvrir à d’autres types de litiges sociaux ou en faciliter la procédure. Certains juristes et parlementaires plaident pour un mécanisme plus proche du modèle anglo-saxon, permettant des indemnisations plus rapides et un accès plus simple pour les salariés.
Des affaires emblématiques qui créent un précédent
Si les actions de groupe restent peu nombreuses, celles qui ont été engagées ont eu un écho important. Elles ont permis de mettre en lumière des pratiques managériales problématiques et de créer une jurisprudence encourageant d’autres collectifs à se mobiliser.
Ces affaires ont montré que lorsqu’un même manquement touche plusieurs dizaines, voire centaines de salariés, une procédure groupée offre plusieurs avantages :
- un poids plus important face à l’employeur,
- une médiatisation susceptible d’accélérer les négociations,
- et une sécurisation juridique des démarches.
Certaines organisations syndicales y voient désormais un outil stratégique dans leur rapport de force avec des entreprises parfois très puissantes.

Un outil appelé à se développer
Même si les freins persistent, les évolutions du monde du travail – digitalisation, restructurations fréquentes, multiplication des contrats précaires – créent un terrain favorable à la montée des actions collectives. Les salariés sont de mieux en mieux informés, les syndicats plus enclins à mutualiser leurs forces, et les avocats spécialisés s’organisent autour de ces nouveaux contentieux.
Si rien ne garantit une explosion des « class actions » à la française, tout laisse penser que ces actions collectives deviendront plus fréquentes. L’avenir dépendra en grande partie de l’évolution du cadre légal, mais aussi de la volonté des syndicats et des salariés d’utiliser cet outil pour faire reconnaître leurs droits.