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Coiffure : un secteur en pleine transformation face à la montée du travail indépendant

Depuis la crise sanitaire de la Covid-19, le secteur de la coiffure connaît une profonde mutation qui bouscule tous ses repères. Les habitudes des consommateurs ont évolué, les aspirations des professionnels aussi. Aujourd’hui, plus de 30.000 coiffeurs travaillent à domicile sous le statut de microentrepreneurs, un chiffre en constante progression. À l’inverse, le nombre de salariés en salon diminue, obligeant les dirigeants à repenser leurs méthodes de gestion, de recrutement et d’accompagnement des talents.

Cette dynamique, qui fragilise l’équilibre traditionnel du métier, est au cœur d’un rapport du Conseil national des entreprises de coiffure (Cnec), l’un des principaux syndicats patronaux du secteur. L’étude, menée auprès de 1.300 salariés, apprentis et dirigeants de salon, dresse un état des lieux avant tout humain : rémunération, épuisement, aspirations nouvelles… Autant de défis qui poussent à une remise en question structurelle de la filière.

Un marché du travail sous tension

Recruter et fidéliser les salariés s’impose désormais comme une véritable priorité pour les salons. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : seul un coiffeur sur trois envisage de poursuivre sa carrière en salon à long terme. Près de quatre sur dix pensent sérieusement à se reconvertir, et la moitié des apprentis aspirent à travailler à leur compte d’ici cinq à dix ans. Une projection qui annonce un basculement progressif vers l’auto-entrepreneuriat, perçu comme un modèle plus flexible et émancipateur.

Ce mouvement s’explique par plusieurs raisons, à commencer par la rémunération.

Rémunération : le cœur du malaise

Premier signal d’alerte du rapport : 8 coiffeurs sur 10 estiment que leur rémunération est insuffisante. Le métier, réputé exigeant physiquement et émotionnellement, est souvent mal valorisé sur le plan financier. Pour beaucoup, un salaire plus attractif passerait par l’instauration de dispositifs complémentaires : tickets-restaurant, 13ᵉ mois, chèques-vacances ou primes.

Du côté des dirigeants de salons, la prise de conscience existe, mais les solutions manquent. Nombreux affirment que les charges empêchent toute marge de manœuvre. L’équation économique apparaît donc particulièrement délicate : comment mieux rémunérer sans fragiliser des structures déjà étroites en termes de rentabilité ?

Conditions de travail : un besoin de mieux-être et de flexibilité

Au-delà des salaires, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle devient une revendication majeure. Ce constat est d’autant plus significatif que le métier est exercé à plus de 90 % par des femmes, souvent tiraillées entre exigences professionnelles et responsabilités familiales.

Un tiers des coiffeurs estime que l’organisation actuelle du travail ne leur convient pas. Les jeunes apprentis, en particulier, réclament davantage de flexibilité : horaires aménagés, possibilité de libérer davantage de samedis pour profiter de moments en famille ou entre amis. Ces attentes sont révélatrices d’une génération qui ne conçoit plus le travail comme un sacrifice au détriment de la vie personnelle.

Plus préoccupant encore : l’épuisement. Trois quarts des salariés interrogés déclarent ressentir une fatigue physique et mentale importante après une journée en salon. Les apprentis ne sont pas épargnés, plus de la moitié se disant déjà épuisés avant même d’entrer pleinement dans la vie active.

Cet essoufflement trouve ses causes dans un rythme souvent soutenu, une cadence parfois infernale et une relation client devenue plus tendue depuis la crise sanitaire. Beaucoup évoquent une pression quotidienne liée aux comportements plus exigeants, voire plus impatients, d’une partie de la clientèle. Un constat que les chefs d’entreprise semblent sous-estimer, selon le rapport.

L’évolution professionnelle : un point faible des salons

Si 63 % des coiffeurs considèrent avoir un accès satisfaisant à la formation, beaucoup déplorent un manque de perspectives d’évolution. La moitié d’entre eux estiment qu’aucune progression attractive n’est envisageable au sein de leur salon. Un chiffre alarmant lorsque l’on sait que l’absence de perspectives est l’un des premiers moteurs de départ vers l’indépendance.

Un autre élément mis en avant par le rapport : plus d’un salarié sur deux n’a pas d’entretien annuel formalisé avec son responsable. Un manque de suivi qui nourrit un sentiment d’abandon et coupe court à toute réflexion sur l’évolution professionnelle, la montée en compétences ou les besoins de formation continue.

Pour y remédier, le rapport recommande de professionnaliser davantage la fonction managériale des dirigeants de salon. Comme l’explique Luc Hery, secrétaire général du Cnec, « le management à la papa » n’est plus adapté aux attentes contemporaines des salariés. Les patrons doivent aujourd’hui développer des compétences en communication, gestion d’équipe, motivation et reconnaissance.

Un secteur en quête d’un nouveau modèle

Le secteur de la coiffure se retrouve face à une transformation profonde, que les salons traditionnels ne pourront pas ignorer encore longtemps. Entre la montée fulgurante du travail indépendant, les attentes de flexibilité, la quête de sens au travail, la recherche de meilleures conditions de vie et la nécessité de repenser le management, c’est tout un modèle qui doit être réinventé.

La réponse passera inévitablement par une valorisation du métier, une révision du modèle économique des salons et un investissement accru dans la qualité de vie au travail. Seule une approche globale permettra de redonner au métier son attractivité et d’assurer sa pérennité.

Le défi est immense, mais il est aussi l’occasion d’ouvrir une nouvelle page pour un secteur essentiel, ancré dans le quotidien de millions de Français.

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