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Démarchage téléphonique : une interdiction totale à l’horizon 2026

Le harcèlement téléphonique va bientôt prendre fin. Une loi historique votée le 14 mai 2025 par les députés français annonce une transformation radicale dans les relations entre les entreprises et les consommateurs. À compter du 11 août 2026, le démarchage téléphonique commercial sera strictement interdit, sauf rares exceptions. Une avancée majeure pour des millions de citoyens régulièrement sollicités, parfois à outrance, par des appels intrusifs.
Contents
Une mesure attendue par les consommateurs
Depuis plusieurs années, le mécontentement des Français face au démarchage téléphonique ne cessait de croître. Appels répétés pour la rénovation énergétique, propositions de changement de fournisseur d’énergie, offres CPF douteuses… Ces sollicitations intempestives ont envahi le quotidien, créant un climat d’agacement général. Beaucoup se sont sentis impuissants face à ces campagnes commerciales souvent agressives et répétitives.
Si le service Bloctel, censé permettre aux particuliers de s’opposer au démarchage, existe depuis 2016, son efficacité reste largement contestée. Nombre d’inscrits se plaignent de recevoir encore des appels commerciaux, et beaucoup ignorent même l’existence de cette liste d’opposition. La nouvelle loi vient donc répondre à un véritable ras-le-bol citoyen.
Une interdiction élargie, un cadre beaucoup plus strict
Avec cette nouvelle législation, le principe change radicalement. Désormais, aucun appel commercial ne pourra être émis sans l’accord préalable et explicite du consommateur. Ce consentement devra être formulé de manière claire, libre, éclairée, spécifique, et surtout révocable à tout moment. Ce qui signifie concrètement que les entreprises ne pourront plus “présumer” de l’accord d’une personne simplement parce qu’elle a cliqué sur une publicité ou rempli un formulaire en ligne.
Les secteurs les plus concernés sont ceux qui abusaient particulièrement du démarchage : énergie, rénovation, assurances, formation professionnelle, téléphonie… Tous devront se plier à ce nouveau cadre.
Deux exceptions strictement encadrées
La loi prévoit cependant deux dérogations précises à cette interdiction totale :
- Le consommateur a donné un accord explicite préalable. Il doit avoir consenti volontairement et en toute connaissance de cause à être contacté.
- Il existe une relation contractuelle en cours entre l’entreprise et le particulier. Dans ce cas, l’entreprise peut appeler uniquement pour améliorer ou adapter un service ou un produit déjà utilisé par le client. Par exemple, un fournisseur d’énergie pourra proposer une offre optimisée à un client existant, mais ne pourra pas démarcher un inconnu.
Ces exceptions, bien encadrées, visent à ne pas nuire à la relation client classique tout en évitant les dérives commerciales.
Des sanctions renforcées pour faire respecter la loi
L’un des grands enjeux de cette réforme est son application concrète. Car si les lois existent, encore faut-il qu’elles soient respectées. C’est pourquoi le texte prévoit des sanctions alourdies en cas de manquements.
Désormais, tout appel en violation de la loi pourra faire l’objet de sanctions administratives et financières importantes. En cas de récidive ou d’abus de faiblesse, les sanctions seront encore plus sévères. De plus, lorsqu’un particulier signale son refus d’être démarché, l’entreprise devra impérativement cesser tout contact. Le non-respect de cette règle entraînera automatiquement des poursuites.
Cette volonté de protéger le consommateur, notamment les plus vulnérables, marque une rupture forte avec les pratiques commerciales antérieures.

Pourquoi une entrée en vigueur seulement en 2026 ?
On pourrait s’interroger sur le délai d’un peu plus d’un an avant l’entrée en vigueur de cette loi. La raison est simple : laisser le temps aux entreprises de se mettre en conformité.
Modifier une stratégie commerciale, adapter les processus internes, former les équipes, mettre à jour les bases de données clients… Ces ajustements demandent du temps. Ce délai transitoire évite un choc brutal pour les professionnels tout en préparant sereinement la mise en œuvre effective de la loi.
Du côté des consommateurs, cette période permettra aussi d’informer le grand public sur ses nouveaux droits, et sur les recours disponibles en cas de non-respect.
Une nouvelle ère pour les relations commerciales
Cette loi marque une étape symbolique et concrète dans la manière de penser la relation entre entreprises et citoyens. Fini le temps où l’on subissait les appels multiples à toute heure du jour (et parfois du soir). Le consentement devient la norme, et non plus une exception.
Il s’agit également d’un message fort envoyé à tous les secteurs économiques : la confiance doit être au cœur de la relation commerciale. Solliciter un client ne sera plus un droit automatique, mais un privilège accordé par celui-ci.
Vers la fin du harcèlement téléphonique ?
Même s’il reste encore à en constater l’application rigoureuse, cette loi constitue une avancée majeure dans la lutte contre le harcèlement téléphonique. Elle répond à une véritable attente sociale et pourrait inspirer d’autres pays confrontés au même phénomène.
À compter du 11 août 2026, une page se tournera. Pour les millions de Français agacés, dérangés, voire piégés par certains appels malveillants, l’horizon s’éclaircit enfin. Il faudra certes encore faire preuve de patience, mais une chose est sûre : le téléphone ne sera plus un outil d’intrusion, mais redevient un outil de communication choisi.