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L’affaire illustre une nouvelle fois l’ampleur prise par les escroqueries liées au Compte personnel de formation (CPF). À Paris, un quadragénaire présenté comme une figure gravitant autour du clan de la Banane, dans le XXe arrondissement, est soupçonné d’avoir orchestré un vaste système de blanchiment d’argent issu de fraudes au CPF. Selon les éléments de l’enquête, près de 15 millions d’euros auraient été recyclés en l’espace de deux ans, entre 2023 et 2025, via un réseau s’étendant de la France à la Belgique et à l’Allemagne.
L’homme, Nadjeem K., âgé de 47 ans, est bien connu des services de police. Déjà fiché pour des affaires de trafic de stupéfiants et pour sa proximité avec le banditisme francilien, il menait un train de vie ostentatoire : appartement luxueux, fréquentation assidue de casinos, dépenses importantes et signes extérieurs de richesse difficilement compatibles avec des revenus déclarés. Autant d’indices qui ont fini par attirer l’attention des enquêteurs spécialisés dans la lutte contre la criminalité financière.
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Un système de fraude au CPF devenu une machine à cash
Au cœur du dossier se trouve un mécanisme désormais bien identifié par les autorités : l’escroquerie au CPF. Ce type de fraude repose sur l’utilisation frauduleuse des droits à la formation des titulaires, souvent à leur insu ou à la suite de démarchages agressifs, pour financer des formations fictives ou largement surévaluées. Les fonds publics ainsi détournés sont ensuite redistribués entre différents acteurs du réseau avant d’être blanchis.
Dans cette affaire, Nadjeem K. aurait joué un rôle central dans la phase de recyclage des sommes détournées. Les enquêteurs estiment qu’il n’était pas nécessairement à l’origine de toutes les fraudes, mais qu’il aurait structuré un système de blanchiment sophistiqué, capable d’absorber des flux financiers considérables. Les montants, une fois récupérés, transitaient par des comptes bancaires situés en France, en Belgique et en Allemagne, compliquant leur traçabilité.
Les investigations ont mis en lumière l’utilisation de sociétés écrans, de comptes bancaires ouverts à l’étranger et de transferts multiples visant à brouiller les pistes. Une partie des fonds aurait également été réinjectée dans des activités légales en apparence, ou utilisée pour financer un train de vie luxueux, contribuant ainsi à masquer l’origine frauduleuse de l’argent.
Un réseau structuré autour de plusieurs complices
La justice ne s’intéresse pas uniquement à Nadjeem K. Huit autres personnes, âgées de 29 à 59 ans, hommes et femmes, sont également mises en cause dans ce dossier. Elles sont soupçonnées d’avoir participé, à divers niveaux, au fonctionnement du réseau : gestion de sociétés, ouverture de comptes bancaires, organisation des flux financiers ou encore mise à disposition de prête-noms.
En septembre dernier, Nadjeem K. a été mis en examen par une juge d’instruction parisienne pour blanchiment d’escroquerie en bande organisée. Il a été placé en détention provisoire, tout comme deux de ses lieutenants présumés. Deux autres suspects ont, quant à eux, été remis en liberté sous contrôle judiciaire, assorti de mesures strictes. Trois autres personnes impliquées devaient encore être convoquées par le magistrat instructeur afin de préciser leur rôle exact dans cette affaire tentaculaire.

Le clan de la Banane dans le viseur des enquêteurs
Le nom du clan de la Banane, implanté dans le XXe arrondissement de Paris, revient régulièrement dans les dossiers de criminalité organisée. Connu pour son implication historique dans le trafic de stupéfiants et diverses formes de délinquance, ce groupe est soupçonné de diversifier ses activités vers des infractions financières, jugées moins risquées et potentiellement plus lucratives.
L’affaire du CPF illustre cette mutation du banditisme traditionnel vers des formes de criminalité économique sophistiquées. Les fraudes aux dispositifs publics, notamment dans le domaine de la formation professionnelle, représentent aujourd’hui une manne financière importante pour des réseaux organisés, qui exploitent la complexité administrative et la dématérialisation des procédures.
Une escroquerie aux lourdes conséquences pour le système de formation
Au-delà du volet judiciaire, cette affaire pose une nouvelle fois la question de la sécurisation du CPF. Chaque escroquerie fragilise un dispositif pourtant central dans les politiques publiques de montée en compétences et de reconversion professionnelle. Les sommes détournées, qui se chiffrent ici en millions d’euros, représentent autant de moyens en moins pour financer des formations légitimes et utiles aux actifs.
Face à la multiplication de ces fraudes, les pouvoirs publics ont déjà renforcé les contrôles, les obligations des organismes de formation et les dispositifs de surveillance des flux financiers. Mais les réseaux criminels, eux, adaptent sans cesse leurs méthodes, en s’appuyant sur des compétences juridiques, comptables et numériques de plus en plus pointues.
Une enquête appelée à se poursuivre
L’instruction judiciaire est encore loin d’être achevée. Les magistrats cherchent désormais à identifier l’ensemble des circuits financiers, à déterminer précisément le rôle de chaque protagoniste et à évaluer l’étendue exacte du préjudice. D’autres mises en examen pourraient intervenir, notamment si de nouveaux éléments venaient confirmer l’implication de structures ou d’intermédiaires supplémentaires.
Cette affaire emblématique rappelle que la lutte contre les escroqueries au CPF est devenue un enjeu majeur de la politique pénale et financière. Elle souligne également la capacité des réseaux criminels à investir des dispositifs publics complexes, détournant des outils pensés pour l’insertion et la formation au profit d’intérêts illégaux.