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Escroquerie aux fausses embauches : des dizaines de victimes réclament justice

Chercher un emploi, espérer une opportunité stable, investir dans une formation censée ouvrir des portes… et se retrouver finalement piégé. C’est le parcours douloureux qu’ont connu plusieurs dizaines de personnes en France, piégées par un organisme de formation qui leur promettait un CDI dans l’informatique en échange d’une certification payante. Face à cette escroquerie structurée, les victimes ont décidé d’unir leurs forces pour saisir la justice et empêcher la société incriminée de poursuivre ses agissements.

Un stratagème bien rodé pour attirer les demandeurs d’emploi

Julian Bonnet, 36 ans, habitant de Nantes et professionnel de l’informatique, fait partie des nombreux candidats trompés. Comme beaucoup d’autres, il a été approché par la plateforme My Digital Solutions, un organisme se présentant comme spécialiste du recrutement et de la formation dans les métiers numériques. Le discours était séduisant : des postes en CDI garantis, un accompagnement personnalisé et une opportunité rare d’intégrer rapidement un secteur porteur.

Mais ces promesses s’accompagnaient d’une condition : suivre une formation certifiante, évidemment payante. L’organisme mettait en avant des partenariats supposés avec des entreprises du numérique, affirmant que la certification était indispensable pour intégrer les postes proposés. Séduites par ces perspectives, les victimes ont accepté de financer ces formations, convaincues qu’elles investissaient dans leur avenir professionnel.

Dans la réalité, aucun des CDI promis n’existait. Les entreprises mentionnées n’avaient signé aucun accord, et les offres d’emploi annoncées étaient totalement fictives.

Une affaire qui s’étend sur plus d’un an

Selon les éléments recueillis par les avocats et les plaignants, les faits se seraient déroulés entre août 2024 et septembre 2025. Durant cette période, My Digital Solutions aurait multiplié ses actions de prospection, ciblant particulièrement les demandeurs d’emploi, les personnes en reconversion ou celles déjà titulaires de compétences informatiques mais en quête d’un poste stable.

Pour tenter de brouiller les pistes, l’organisme aurait changé de nom à deux reprises au cours de cette année, une stratégie couramment utilisée par des sociétés suspectées de pratiques frauduleuses. Ces changements successifs ont compliqué la tâche des victimes et retardé la prise de conscience collective.

Des dizaines de plaintes déposées à Toulouse

Alerté par une trentaine de personnes dans toute la France, maître Joris Morer, avocat au barreau de Toulouse, a pris en charge le dossier. Le 21 novembre, il a déposé une plainte collective auprès du parquet de Toulouse pour escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux. Une qualification pénale lourde qui témoigne de la gravité des faits reprochés.

Les victimes dénoncent un système méthodique fondé sur :

  • la création de fausses offres d’emploi,
  • la falsification présumée de documents destinés à rendre crédibles les promesses d’embauche,
  • des pressions commerciales pour inciter à financer les formations,
  • et une absence totale de débouchés professionnels à l’issue du parcours.

Selon l’avocat, les témoignages concordent : beaucoup ont payé plusieurs milliers d’euros pour des certifications qui n’ont mené nulle part, convaincus qu’un CDI les attendait.

Des victimes vulnérables, ciblées pour leur besoin d’emploi

La colère et le sentiment d’injustice sont palpables chez les plaignants. Pour certains, la formation représentait une part importante, voire l’intégralité, de leurs économies. D’autres avaient sollicité des financements externes, s’endettant pour suivre un cursus dont ils espéraient qu’il leur permettrait de stabiliser leur situation professionnelle.

« Cette société exploite le désarroi des gens qui cherchent un emploi », déplore Julian Bonnet. Comme lui, de nombreuses victimes parlent d’une stratégie de manipulation psychologique : discours rassurants, promesses précises, fausses garanties contractuelles… Tous les éléments étaient réunis pour convaincre des candidats fragilisés par leur situation.

Un phénomène qui interroge les mécanismes de contrôle

Au-delà des cas individuels, cette affaire met en lumière les failles du système de formation professionnelle et les difficultés à contrôler efficacement les organismes privés intervenant dans ce secteur. Les plateformes de formation en ligne se multiplient, certaines bénéficiant de financements publics ou de mécanismes comme le Compte Personnel de Formation (CPF), ce qui exige un contrôle strict pour éviter les dérives.

Dans le cas de My Digital Solutions, plusieurs facteurs interpellent :

  • les changements répétés de nom,
  • l’absence de transparence sur les partenariats annoncés,
  • et l’utilisation de documents potentiellement falsifiés.

Les victimes appellent aujourd’hui à un renforcement des contrôles, estimant qu’un organisme de formation ne devrait pas pouvoir opérer sans une véritable supervision, surtout lorsqu’il cible des publics fragilisés.

Une procédure collective pour faire cesser les agissements

Pour les plaignants, l’objectif dépasse la simple réparation financière. Beaucoup souhaitent empêcher définitivement cette société — quelle que soit la dénomination qu’elle adoptera à l’avenir — de poursuivre ses pratiques.

« Je veux qu’on les empêche de nuire », insiste Julian Bonnet. Les victimes redoutent que d’autres personnes, en quête d’un emploi, tombent dans le même piège si aucune mesure n’est prise pour stopper les activités de cet organisme.

La procédure collective devrait permettre d’obtenir l’ouverture d’une enquête approfondie. Le parquet de Toulouse devra déterminer s’il existe suffisamment d’éléments pour engager des poursuites pénales.

Une affaire emblématique des dérives du marché de la formation

Cette escroquerie présumée s’inscrit dans un contexte plus large où le secteur de la formation professionnelle attire de plus en plus d’acteurs, certains très sérieux, mais d’autres aux intentions plus douteuses. Le numérique, notamment, est un domaine porteur qui attire également des entreprises opportunistes, cherchant à profiter de la popularité des métiers informatiques.

Les victimes espèrent que leur démarche collective contribuera à sensibiliser le public aux risques et encouragera les autorités à renforcer les dispositifs de certification et de contrôle.

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