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Formation professionnelle : pourquoi le plan à 15 milliards d’Emmanuel Macron n’a rien révolutionné

Formation professionnelle

Les magistrats de la Cour des comptes sont plutôt réservés quant à l’impact réel du Plan d’investissement des compétences (PIC). Entre 2018 et 2023, 15 milliards d’euros ont été investis pour révolutionner la formation professionnelle en France. Pourtant, les résultats restent en deçà des attentes.

Une ambition présidentielle affichée mais des résultats en demi-teinte

Lors de sa campagne présidentielle en 2017, Emmanuel Macron avait placé la formation professionnelle au cœur de son projet économique. L’objectif était de faire de la France un pays où chaque salarié aurait la possibilité de développer ses compétences tout au long de sa carrière. Le plan devait en priorité bénéficier aux travailleurs les plus éloignés du marché de l’emploi, appelés “outsiders” selon la rhétorique macronienne. Ces derniers devaient suivre des formations leur permettant d’accéder à des emplois mieux rémunérés et plus stables. Quant aux “insiders”, déjà en poste, ils étaient encouragés à se former pour s’adapter aux mutations technologiques.

Une volonté de modernisation inspirée du modèle allemand

En développant les compétences des travailleurs, le gouvernement espérait rendre l’économie française plus résiliente face aux crises économiques et mieux positionnée dans la compétition internationale. L’objectif était d’imiter l’Allemagne, où la formation professionnelle joue un rôle crucial dans l’excellence industrielle. Le Plan d’investissement des compétences a donc été déployé avec un budget colossal de 15 milliards d’euros sur cinq ans. Mais aujourd’hui, les bénéfices réels de cette stratégie sont discutables.

Un impact limité sur l’emploi

Selon les rapports d’évaluation publiés par la Cour des comptes, l’efficacité du PIC reste mitigée. Bien que de nombreux dispositifs aient été mis en place, les effets sur l’accès à l’emploi des publics prioritaires sont en demi-teinte. Le taux de retour à l’emploi des bénéficiaires du programme est resté faible, et les formations suivies ne débouchent pas toujours sur des emplois pérennes. Une part importante des stagiaires formés n’a pas trouvé d’emploi dans les six mois suivant leur formation, selon les dernières études menées sur le sujet.

Un manque d’adéquation entre l’offre de formation et les besoins du marché

L’une des principales critiques formulées concerne l’inadéquation entre l’offre de formation et les besoins réels du marché du travail. De nombreux parcours financés par le PIC ne correspondent pas aux secteurs en tension, où les recruteurs peinent à trouver de la main-d’œuvre qualifiée. Ainsi, des branches comme le numérique, la santé ou encore l’artisanat n’ont pas suffisamment bénéficié du programme, laissant un fossé entre la formation et les opportunités d’emploi réelles.

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Des effets d’aubaine pour les organismes de formation

Un autre reproche souvent formulé est l’effet d’aubaine qu’a représenté le PIC pour certains organismes de formation. Le financement massif de l’État a attiré de nombreux acteurs, parfois peu scrupuleux, dont l’objectif était davantage de capter des fonds publics que de proposer des formations de qualité. Certaines formations se sont révélées inefficaces, trop généralistes ou peu professionnalisantes, ne répondant pas aux besoins concrets des entreprises et des demandeurs d’emploi.

Un CPF en pleine mutation

Par ailleurs, le Compte Personnel de Formation (CPF), qui constitue l’un des piliers du plan de modernisation de la formation professionnelle, a connu de profondes transformations, notamment avec l’arrivée de la monétisation. Toutefois, si le CPF a permis un accès plus large à la formation, il a également été critiqué pour la prolifération d’offres peu qualitatives et les fraudes qui ont accompagné son essor.

Une dépense massive mais des effets peu visibles

Les 15 milliards d’euros investis dans le PIC ont certes permis d’augmenter le nombre de formations financées, mais sans impact significatif sur l’emploi et la compétitivité économique du pays. De plus, la crise sanitaire de 2020 a amplifié les difficultés du dispositif, en désorganisant les formations et en ralentissant l’insertion professionnelle des bénéficiaires.

Un bilan mitigé et des perspectives incertaines

En définitive, le Plan d’investissement des compétences n’a pas révolutionné la formation professionnelle en France. Si l’ambition était louable, la mise en œuvre a péché par un manque de pilotage stratégique et d’ajustement aux réalités du marché du travail. Le gouvernement devra tirer les leçons de ces échecs pour repenser la formation professionnelle et proposer des solutions plus adaptées aux besoins des entreprises et des travailleurs.

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