Recent Posts
- December, 2025
L’OPCO Mobilités met à disposition des entreprises du domaine de la location
HN Services : Qualiopi comme moteur d’innovation pour former et recruter dans les métiers du numérique
Coiffure : un secteur en pleine transformation face à la montée du travail indépendant
Former aux métiers de demain : un défi stratégique que la Région veut relever collectivement
- November, 2025
Emploi : Pourquoi Détailler Précisément Ses Compétences en Anglais sur le CV Devient un Atout Décisif
Former aux métiers de demain : un défi stratégique que la Région veut relever collectivement

Comment préparer efficacement les actifs d’aujourd’hui et de demain à des métiers dont certains n’existent pas encore ? C’est à cette question centrale qu’a tenté de répondre le grand séminaire organisé le 25 novembre au Palais des Congrès de Tours par la Région Centre-Val de Loire, en partenariat avec l’État, le CESER et le CREFOP. Plus de six cents représentants issus des secteurs de l’orientation, de la formation et de l’emploi avaient fait le déplacement. Une affluence qui témoigne de l’urgence et de l’ampleur des enjeux liés à la transformation du marché du travail.
Accueillis par Emmanuel Denis, maire de Tours, les participants ont été rejoints par trois figures institutionnelles majeures : Sophie Brocas, préfète de Région, François Bonneau, président de la Région, et Pierre Allorant, président du CESER. Tous ont rappelé l’importance d’anticiper les mutations profondes du monde professionnel, dans un contexte où les actifs seront 20 % à 25 % moins nombreux à entrer sur le marché de l’emploi dans les prochaines décennies. Le paradoxe est saisissant : après des décennies de chômage massif, les entreprises doivent désormais faire face à une raréfaction des candidats disponibles, dans un environnement où les compétences évoluent extrêmement vite.
Contents
Des transformations profondes qui exigent une adaptation continue
Le constat partagé est clair : les métiers se transforment, disparaissent, ou émergent à une vitesse inédite. À terme, explique-t-on dans la table ronde, il sera moins pertinent de parler de métiers que de compétences mises au service de projets collectifs. Les parcours professionnels deviennent non linéaires, les reconversions plus fréquentes et les besoins plus complexes.
Le secteur médico-social illustre parfaitement cette tension : alors que le vieillissement de la population crée des besoins croissants, 20 % des places en formation d’aide-soignant restent vides. Même situation du côté de la fonction publique, où un poste sur cinq n’est pas pourvu en Centre-Val de Loire, comme le souligne la préfète Sophie Brocas. L’enjeu est donc double : attirer davantage de candidats et moderniser l’appareil de formation pour répondre à la réalité du terrain.
La Région l’a bien compris. Depuis plusieurs années, elle accompagne les organismes de formation via son programme « Trans’Formation », un dispositif unique en France visant à professionnaliser l’ensemble de l’écosystème emploi-formation et à soutenir les innovations pédagogiques.
Une nécessaire approche systémique pour comprendre et anticiper
Lors des échanges, l’idée d’une approche globale s’est imposée. Les entreprises ont désormais besoin de compétences opérationnelles capables d’évoluer rapidement. Hervé Jouanneau, directeur de l’Orientation et de la Formation à France Travail, cite une étude frappante de l’OCDE : là où les compétences acquises étaient pertinentes pendant trente ans il y a un demi-siècle, leur durée de vie n’est aujourd’hui que de deux ans. Résultat : apprendre tout au long de sa vie devient indispensable.

Pour aider à y voir plus clair, France Compétences publie chaque année une liste de métiers émergents ou en forte évolution. On y trouve des profils nouveaux comme coordinateur d’intimité, technicien de maintenance pour batteries de véhicules électriques, développeur blockchain ou encore technicien du réemploi. Ces métiers atypiques témoignent de la diversification et de la spécialisation progressive du monde professionnel.
Les compétences : le nouvel étalon de mesure
Un consensus fort émerge : ce ne sont plus les diplômes, mais les compétences, et plus précisément les blocs de compétences, qui doivent servir de référence. Goulven Droumaguet, directeur de la Certification à France Compétences, propose même de changer notre manière de parler de formation. Plutôt que dire « j’ai raté mon CAP », il faudrait dire : « j’ai validé quatre blocs sur cinq » – car ces blocs restent valorisables et ouvrent déjà des portes vers l’emploi.
Cette vision bouscule les pratiques traditionnelles des organismes de formation et les représentations sociales encore très axées sur le diplôme final. Claire Khecha, représentant les Acteurs de la Compétence, déplore que trop de financements soient encore dirigés vers les seules formations certifiantes. Selon elle, l’Europe avance plus vite, en misant sur des micro-certifications et des formations plus souples, parfaitement alignées sur les besoins en compétences de terrain.
La formation : un investissement stratégique pour l’avenir des territoires
Comme le rappelle Jean-Patrick Gille, vice-président de la Région en charge de l’Emploi et de la Formation professionnelle, l’attractivité d’un territoire dépend directement de la disponibilité de compétences locales. Une entreprise qui souhaite s’implanter regarde toujours si la main-d’œuvre adaptée est déjà présente ou facilement mobilisable par la formation. À l’inverse, un bassin de vie dépourvu d’offres de formation voit ses jeunes partir… et ne jamais revenir.
Il est donc crucial de considérer la formation comme un investissement durable, partagé par les entreprises, les institutions et les individus. Cela suppose également une réactivité renforcée : les modèles standardisés ne suffisent plus. Il faut du sur-mesure, de l’adaptation permanente et une coopération renforcée entre tous les acteurs.
Eric Garnier, Haut-Commissaire à l’Enseignement et à la Formation Professionnels, résume bien la conclusion du séminaire : pour répondre aux défis des métiers de demain, il faudra un travail collectif, agile et en profondeur – une véritable couture fine entre les besoins des entreprises, les attentes des individus et l’évolution constante des compétences.