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Grève nationale des AESH et des enseignant·es : compte rendu de l’audience avec le recteur de l’académie de Strasbourg

Le mardi 16 décembre, les personnels de l’Éducation nationale, et en particulier les accompagnant·es des élèves en situation de handicap (AESH), ont répondu massivement à l’appel à la grève lancé par plusieurs organisations syndicales. La FSU, aux côtés de la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques Alsace, de la CGT Éduc’action, de la FNEC-FP FO et de SUD Éducation, s’est mobilisée pour rappeler une série de revendications jugées urgentes et indispensables à l’amélioration des conditions de travail et de rémunération des AESH.

Parmi les exigences portées par l’intersyndicale figurent en premier lieu la création d’un véritable statut de fonctionnaire de catégorie B pour les AESH, assorti d’un salaire permettant de vivre décemment. Les syndicats revendiquent également la reconnaissance d’un temps plein correspondant à 24 heures d’accompagnement devant élèves. À cela s’ajoutent la mise en place d’un plan de formation ambitieux, des conditions d’exercice permettant un accompagnement de qualité – avec un maximum de deux élèves par AESH – ainsi que le versement intégral et rétroactif des indemnités REP et REP+. Enfin, l’intersyndicale réaffirme son attachement à la défense de l’enseignement spécialisé et adapté, ce qui implique un recrutement suffisant tant d’AESH que d’enseignant·es spécialisé·es.

Une mobilisation visible devant le rectorat

À Strasbourg, la journée de grève s’est traduite par un rassemblement devant le rectorat, réunissant près d’une centaine de personnes. AESH, enseignant·es et parents d’élèves ont répondu présents pour rendre visibles les difficultés rencontrées au quotidien et soutenir les revendications portées collectivement. Cette mobilisation a permis de rappeler que les conditions de travail des AESH sont aussi une question centrale pour la qualité de l’inclusion scolaire.

Dans l’après-midi, une délégation intersyndicale, à laquelle participait notamment la FSU 67, a été reçue en audience par le recteur de l’académie. Cette rencontre a été l’occasion de détailler l’ensemble des revendications et d’interpeller l’administration sur plusieurs situations concrètes rencontrées sur le terrain.

Formation des AESH : des droits encore trop peu respectés

La question de la formation a occupé une place importante dans les échanges. Les AESH bénéficient théoriquement d’une formation d’adaptation à l’emploi obligatoire de 60 heures, intégrée à leur temps de travail via les heures dites « connexes ». Toutefois, la formation continue reste très insuffisamment organisée. Elle devrait être planifiée et inscrite dans les plans de formation académiques et départementaux.

Dans le Bas-Rhin, les AESH n’ont, à ce jour, pas encore commencé à bénéficier des heures de formation continue auxquelles ils et elles ont droit, ce qui risque de concentrer ces heures sur une période trop courte et de dégrader encore davantage leurs conditions de travail. La secrétaire générale du rectorat s’est engagée à se renseigner sur les causes de ce retard.

La FSU a également rappelé l’existence d’autres dispositifs de formation accessibles aux AESH, comme les modules d’initiative nationale, le compte personnel de formation ou encore le congé de formation professionnelle, qui doivent pouvoir être mobilisés plus largement.

Cumul d’activités et contraintes de formation

Faute d’un temps plein et d’une rémunération suffisante, de nombreux AESH sont contraint·es de cumuler plusieurs emplois. Cette réalité complique l’accès aux formations lorsque celles-ci sont programmées sur des créneaux correspondant à leur autre activité professionnelle. Sur ce point, le recteur a reconnu la nécessité pour l’administration de faire preuve de souplesse et de proposer des alternatives afin de permettre aux AESH concerné·es de suivre leur formation.

Déplacements et remboursements de frais

La question de la prise en charge des déplacements, notamment au sein des pôles d’appui à la scolarité (PAS) hors Eurométropole, a également été soulevée. L’intersyndicale a alerté sur une possible remise en cause du remboursement des frais de déplacement pour les AESH amené·es à intervenir sur plusieurs communes. Le rectorat a affirmé qu’aucune modification des règles n’était prévue, se disant surpris par les informations remontées du terrain.

La FSU a profité de l’audience pour rappeler les droits existants, notamment le remboursement partiel des frais de transport en commun à hauteur de 75 %, ainsi que l’accès au forfait mobilités durables pour les trajets domicile-travail.

Brigade de remplacement et protection sociale

Concernant l’idée de créer une brigade de remplacement d’AESH, le recteur a exprimé des réserves, soulignant qu’un tel dispositif pourrait réduire le nombre d’AESH affecté·es durablement auprès des élèves. La FSU partage cette analyse et s’oppose à des remplacements imposés dans l’urgence, incompatibles avec la spécificité du métier.

La protection sociale complémentaire a également fait l’objet de discussions. Les AESH, relevant du régime local, subissent des prélèvements sociaux plus élevés. L’adhésion à la PSC dans les conditions actuelles risquerait donc d’entraîner une perte de pouvoir d’achat. Le rectorat a reconnu ne pas avoir mesuré pleinement cette difficulté et s’est engagé à faire remonter la problématique au ministère.

Indemnités REP et trop-perçus : des situations urgentes

Enfin, l’intersyndicale a interrogé l’administration sur les modalités de versement rétroactif des indemnités REP et REP+ pour la période 2015-2022. Une communication par mail est prévue, mais l’absence de fichiers complets complique l’information des ancien·nes AESH. Les syndicats appellent à effectuer les démarches rapidement, compte tenu des règles de prescription.

La question des trop-perçus liés à l’absence de subrogation de salaire a également été dénoncée. Cette situation, pouvant conduire à des remboursements très élevés, a des conséquences lourdes sur les droits sociaux des AESH. Malgré le refus d’une remise gracieuse générale, le rectorat a invité les organisations syndicales à signaler les situations les plus problématiques.

Cette audience a permis de mettre en lumière des dysfonctionnements persistants et confirme la nécessité de poursuivre la mobilisation pour la reconnaissance et l’amélioration des conditions de travail des AESH.

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