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Le secteur de la formation professionnelle, en pleine expansion ces dernières années, se retrouve aujourd’hui confronté à une série de dérives qui menacent sa crédibilité. Arnaques, offres de formation trompeuses, détournements de fonds ou prestations de faible qualité : les abus se multiplient. Face à cette situation, le gouvernement a décidé d’agir. En juillet 2025, le plan “Qualité et lutte contre la fraude dans la formation professionnelle” a été officiellement présenté par le Premier ministre François Bayrou. Objectif affiché : rétablir la confiance, améliorer la transparence et garantir une offre de formation réellement qualitative.
Contents
Un secteur sous pression
La formation professionnelle représente un levier essentiel d’insertion et de reconversion. Des milliers d’organismes proposent chaque année des parcours variés, financés en partie par des fonds publics ou mutualisés. Mais ce dynamisme s’est accompagné d’un revers : la multiplication de pratiques douteuses.
Certains acteurs peu scrupuleux ont profité du succès du Compte personnel de formation (CPF) pour détourner des financements, proposer des cursus fictifs ou délivrer des formations au contenu très insuffisant. Ces abus ont non seulement coûté des millions d’euros à la collectivité, mais ont aussi entamé la confiance des bénéficiaires et fragilisé les organismes honnêtes.
Le gouvernement, conscient de l’ampleur du phénomène, a donc souhaité réagir rapidement. D’où la mise en œuvre d’un plan de lutte coordonné, fruit d’un travail commun entre quatre ministères : le Travail, l’Éducation, l’Enseignement supérieur et les Finances.
Un plan global pour restaurer la confiance
Présenté à l’été 2025, ce plan ambitieux s’articule autour de deux grands axes : le renforcement de la qualité des formations et la lutte active contre la fraude.
Selon le texte, il s’agit de s’attaquer aux principaux dysfonctionnements observés :
- des formations de qualité insuffisante, dispensées avec des moyens trop faibles ou des formateurs non qualifiés ;
- des organismes frauduleux, créés dans le seul but de détourner des fonds publics ;
- un manque d’harmonisation dans les procédures de contrôle et d’audit entre les différents organismes de formation.
L’objectif du gouvernement est donc clair : assainir le marché de la formation en identifiant, sanctionnant et excluant les structures ne respectant pas les standards de qualité, tout en soutenant les acteurs sérieux qui œuvrent à la montée en compétence des apprenants.
Des moyens renforcés pour le contrôle
L’un des piliers du plan repose sur le renforcement des contrôles. L’État prévoit une augmentation du nombre d’audits sur les organismes agréés, ainsi qu’un meilleur partage d’informations entre les différents services de l’administration et les financeurs publics (Caisse des Dépôts, Pôle emploi, Régions, etc.).
Des équipes spécialisées seront chargées d’identifier les fraudes les plus graves, notamment celles liées au CPF. Ces cellules d’enquête disposeront de nouveaux outils numériques pour repérer plus rapidement les anomalies : faux bénéficiaires, formations fictives, ou encore connexions suspectes sur les plateformes officielles.
L’objectif est de créer un écosystème de confiance où chaque euro investi dans la formation contribue réellement à développer les compétences des actifs, plutôt qu’à enrichir des structures opportunistes.
Une vigilance accrue autour du label Qualiopi
Au cœur de cette stratégie se trouve également Qualiopi, la certification nationale de référence pour les organismes de formation. Depuis 2022, ce label est obligatoire pour bénéficier des financements publics. Il atteste que le prestataire respecte un ensemble de critères stricts liés à la qualité des prestations : qualification des formateurs, accompagnement des apprenants, suivi des résultats, transparence de l’information, etc.
Le plan présenté en juillet prévoit un renforcement de cette certification. Les contrôles Qualiopi seront plus fréquents, plus ciblés et mieux adaptés à la taille et au profil des structures auditées. L’objectif n’est pas de sanctionner systématiquement, mais d’encourager une amélioration continue.
« Il faut laisser un peu de temps au système pour produire tous ses effets. Mais ce que l’on constate déjà, c’est une amélioration globale de la qualité des formations grâce à cette vigilance accrue », souligne Karine Desroses, membre du Haut Conseil à la formation professionnelle.
Ainsi, Qualiopi devient un outil évolutif, capable de détecter plus finement les écarts de conformité tout en valorisant les bonnes pratiques. Cette dynamique doit permettre de consolider la confiance entre les financeurs publics, les organismes et les apprenants.

Informer et protéger les bénéficiaires
Le plan ne se limite pas au renforcement des contrôles : il vise aussi à mieux informer les futurs apprenants. Trop souvent, les bénéficiaires du CPF ou d’autres dispositifs de financement ne disposent pas d’assez d’éléments pour évaluer la fiabilité d’une offre de formation.
Le gouvernement souhaite donc renforcer la transparence des informations disponibles sur les plateformes officielles (comme Mon Compte Formation), en mettant en avant les organismes certifiés, les taux de satisfaction, ou encore les débouchés concrets à la suite des formations suivies.
Des campagnes de communication seront également lancées pour sensibiliser le grand public aux risques d’arnaques et rappeler les bons réflexes : vérifier la certification Qualiopi, se méfier des démarchages abusifs, et toujours passer par les plateformes officielles pour s’inscrire à une formation.
Vers une montée en qualité durable
Au-delà de la lutte contre la fraude, ce plan marque une étape importante dans la professionnalisation du secteur. En imposant des standards plus élevés et une transparence accrue, l’État encourage les acteurs à investir dans la qualité pédagogique, la formation de leurs formateurs et l’accompagnement des apprenants.
Les résultats ne se feront pas sentir immédiatement, mais les premiers signaux sont positifs. De nombreux organismes saluent cette initiative, estimant qu’elle permet de valoriser les structures sérieuses et d’écarter progressivement celles qui nuisent à la réputation de la formation professionnelle.
Comme le résume Karine Desroses, « ce plan n’est pas seulement une réponse aux fraudes, c’est une opportunité pour élever le niveau global de la formation en France. En renforçant la qualité, on renforce aussi la confiance, l’employabilité et, à terme, la compétitivité de notre économie. »
Une ambition : replacer la qualité au cœur du système
La lutte contre la fraude ne constitue donc qu’un volet d’un projet plus large : celui de recentrer la formation professionnelle sur sa mission première — développer les compétences des actifs dans un cadre éthique et transparent.
Avec ce plan, le gouvernement espère tourner la page des dérives et bâtir un système plus solide, où la qualité des enseignements prime sur la rentabilité rapide. Une évolution qui, à terme, pourrait redonner ses lettres de noblesse à la formation tout au long de la vie.