L’attractivité des formations dans le secteur du transport : des défis persistants

Le secteur du transport et de la logistique est un pilier fondamental de l’économie, mais il fait face à des défis majeurs, notamment en matière de formation et d’attractivité des métiers. À l’occasion de la publication de son rapport annuel 2023, l’Observatoire prospectif des métiers dans les transports et la logistique (OPTL) a mis en lumière ces problématiques lors d’une journée dédiée organisée le 16 décembre à Boulogne-Billancourt, dans les locaux d’Opco Mobilités.

Cet événement, marqué par deux tables rondes, a exploré deux axes principaux : l’attractivité parfois insuffisante des formations dans ce secteur, et l’impact sous-estimé de la transition écologique sur les besoins en compétences.

Une attractivité variable selon les formations

Selon Valérie Castay, directrice des études et projets à l’AFT, une grande partie des formations dans le secteur du transport et de la logistique bénéficie d’une forte attractivité. Toutefois, certaines peinent à attirer suffisamment d’étudiants. Les BTS (Brevet de Technicien Supérieur) et les BUT (Bachelor Universitaire de Technologie), par exemple, ne parviennent pas toujours à faire le plein.

L’analyse menée par l’OPTL s’est appuyée sur trois bases de données de l’Éducation nationale. Ces données montrent que sur un total de 35 566 élèves engagés dans des formations liées au transport et à la logistique, plusieurs parcours restent sous-représentés. Cette situation reflète des défis structurels, notamment un déficit de visibilité des métiers et une perception parfois négative des opportunités offertes par ce secteur.

Un manque de sensibilisation aux métiers du transport

L’un des freins majeurs à l’attractivité des formations réside dans le manque de sensibilisation auprès des jeunes et de leurs familles. Trop souvent, les métiers du transport et de la logistique sont perçus comme peu valorisants ou exigeants, tant sur le plan physique qu’en termes de conditions de travail. Cette image ne reflète pas toujours la réalité, car le secteur propose aujourd’hui des opportunités variées, allant des postes opérationnels aux fonctions stratégiques, avec des perspectives d’évolution intéressantes.

Pour pallier ce problème, plusieurs initiatives sont mises en place, comme des campagnes de communication, des salons professionnels ou des partenariats avec des établissements scolaires. Cependant, ces efforts doivent être intensifiés pour changer durablement les perceptions.

La transition écologique : un défi sous-estimé pour la formation

Un autre aspect soulevé lors de la présentation du rapport concerne l’impact de la transition écologique sur les besoins en formation. Alors que le secteur du transport joue un rôle clé dans la réduction des émissions de CO₂, les enjeux environnementaux sont encore peu pris en compte dans les cursus actuels.

La transition écologique impose une transformation profonde des métiers du transport et de la logistique. Des compétences nouvelles, telles que la maîtrise des technologies de propulsion électrique ou hybride, la gestion des flux de transport multimodal ou encore l’optimisation des circuits logistiques, deviennent essentielles. Pourtant, ces évolutions sont encore largement ignorées dans les programmes de formation, ce qui risque de creuser un fossé entre les compétences disponibles et les besoins réels du marché.

L’importance de l’anticipation des besoins en compétences

Face à ces enjeux, l’OPTL insiste sur la nécessité d’anticiper les besoins en compétences pour accompagner la transition écologique. Cela implique une révision des programmes de formation et un renforcement de la collaboration entre les entreprises, les organismes de formation et les pouvoirs publics.

La création de nouveaux modules axés sur les technologies durables et la logistique verte pourrait non seulement répondre aux défis environnementaux, mais aussi attirer une nouvelle génération de talents, sensibilisée aux enjeux écologiques. De plus, l’intégration de ces thématiques dans les cursus contribuerait à revaloriser l’image du secteur auprès du grand public.

Le rôle clé des OPCO et des entreprises

Les Opérateurs de Compétences (OPCO), à l’image d’Opco Mobilités, jouent un rôle crucial dans le développement de la formation professionnelle dans le secteur du transport et de la logistique. Leur mission consiste à accompagner les entreprises dans l’identification de leurs besoins en compétences et à faciliter l’accès des salariés à des formations adaptées.

Les entreprises, de leur côté, sont invitées à s’impliquer davantage dans la promotion de leurs métiers. En proposant des stages, des contrats d’apprentissage ou des dispositifs de tutorat, elles peuvent non seulement attirer des talents, mais aussi contribuer à leur fidélisation. Cette démarche partenariale est essentielle pour relever les défis actuels et futurs du secteur.

Repenser l’attractivité des formations : des initiatives prometteuses

Pour inverser la tendance et renforcer l’attractivité des formations, plusieurs initiatives ont été lancées par les acteurs du secteur. Parmi celles-ci figurent :

1. Le développement des parcours hybrides : En intégrant des modules en alternance ou des stages immersifs, les formations permettent aux étudiants de mieux comprendre les réalités du terrain tout en développant des compétences pratiques.
2. La mise en avant des métiers d’avenir : En valorisant les postes liés à l’innovation technologique, à la digitalisation ou à la transition écologique, le secteur peut séduire une jeunesse en quête de sens et de modernité.
3. L’amélioration des conditions d’apprentissage : Investir dans des équipements modernes et adaptés aux nouvelles technologies contribue à offrir un environnement d’apprentissage motivant et aligné avec les exigences du marché.

Une mobilisation nécessaire pour répondre aux enjeux

Les défis liés à l’attractivité des formations et à la transition écologique exigent une mobilisation collective de tous les acteurs : pouvoirs publics, organismes de formation, entreprises, et OPCO. Cette collaboration est indispensable pour bâtir des solutions pérennes et répondre aux attentes des jeunes générations.

La mise en place d’observatoires comme l’OPTL constitue une avancée significative dans l’identification des enjeux et des leviers d’action. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour transformer ces constats en résultats concrets.

Conclusion : un secteur en mutation

Le secteur du transport et de la logistique est à un tournant de son histoire. Si les défis sont nombreux, ils s’accompagnent également d’opportunités uniques pour réinventer l’image et les pratiques du secteur. En renforçant l’attractivité des formations et en intégrant pleinement les enjeux de la transition écologique, le transport et la logistique peuvent non seulement relever les défis actuels, mais aussi s’imposer comme des piliers d’une économie durable et inclusive.

Cette transformation passe par une action concertée, une volonté politique forte et un engagement sans faille des acteurs du secteur. Avec une stratégie bien pensée, le transport et la logistique peuvent attirer de nouveaux talents, répondre aux exigences du marché et contribuer activement à la transition vers une société plus verte et résiliente.