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Le CPF vu par le Medef : co-construire les parcours de formation pour mieux répondre aux besoins économiques et individuels

Lors de LaREF 2025, grand rendez-vous annuel du patronat organisé à Roland-Garros les 27 et 28 août, le Medef a dévoilé un nouveau guide intitulé « Un CPF co-construit pour des parcours choisis ». Ce document propose une vision renouvelée du Compte personnel de formation (CPF) : non plus seulement comme un outil individuel au service des salariés, mais comme un levier stratégique, capable de concilier aspirations personnelles, compétitivité des entreprises et efficacité des contributions patronales.
Ce guide se veut avant tout pratique et pédagogique. Il s’adresse directement aux dirigeants, responsables RH et acteurs du développement des compétences, en leur proposant des pistes concrètes pour optimiser l’usage du CPF, encourager le dialogue social et renforcer la valeur ajoutée de la formation professionnelle.
Contents
- 1 Un outil au cœur des enjeux économiques et sociaux
- 2 Les objectifs du guide : vers une « co-construction » des parcours
- 3 Le rôle des partenaires sectoriels : l’exemple de la Fédération Syntec
- 4 L’expérience de Castorama : replacer le salarié au centre du dialogue
- 5 Vers un CPF plus stratégique et mieux intégré
Un outil au cœur des enjeux économiques et sociaux
Le CPF, financé en grande partie par la contribution unique à la formation professionnelle et à l’alternance (CUFPA) versée par les entreprises, représente un budget colossal : près de 2 milliards d’euros par an. Or, souligne le Medef, ces fonds sont souvent utilisés sans réelle articulation avec les besoins du tissu économique.
Patrick Martin, président du Medef, l’a rappelé avec force lors de la présentation du guide :
« Quand l’évolution de l’activité d’une entreprise rencontre le développement des compétences individuelles de ses salariés, c’est l’ensemble de la société qui en sort gagnante. Co-construire autour du CPF, c’est une triple garantie : une employabilité renforcée pour l’individu, un levier de performance pour l’entreprise et un juste usage des contributions des entreprises à l’heure où celles-ci demeurent les plus taxées de l’OCDE. »
Pour lui, il est urgent de recentrer le CPF sur les priorités économiques du pays, plutôt que de multiplier les usages périphériques ou déconnectés des besoins du marché du travail.
Les objectifs du guide : vers une « co-construction » des parcours
L’ouvrage présenté par le Medef repose sur une idée forte : les parcours de formation ne doivent pas être décidés uniquement par les salariés ni imposés par les entreprises. Ils doivent être co-construits, c’est-à-dire le fruit d’un dialogue, d’un arbitrage et d’un alignement des intérêts.
Le guide propose quatre grands objectifs :
- Renforcer l’employabilité : aider chaque salarié à développer des compétences adaptées aux évolutions de son secteur.
- Fidéliser les talents : répondre aux attentes de développement professionnel des collaborateurs afin de limiter le turnover.
- Accompagner les mobilités et reconversions : soutenir les transitions professionnelles, qu’elles soient internes à l’entreprise ou liées à des changements de carrière.
- Optimiser l’usage des contributions : sécuriser et rationaliser l’investissement formation pour en maximiser l’impact.
Le document ne se limite pas à des principes. Il détaille par exemple la marche à suivre pour abonder le CPF en seulement dix minutes via Net-entreprises et l’Espace des employeurs et financeurs (EDEF). Il présente également des dispositifs collectifs mobilisables avec l’appui des branches professionnelles et des opérateurs de compétences (OPCO).
Le rôle des partenaires sectoriels : l’exemple de la Fédération Syntec
Thibault Jagueneau, responsable Emploi et Formation à la Fédération Syntec, a illustré lors d’une table ronde les avantages de cette logique partenariale. Pour lui, l’abondement CPF ne doit pas être considéré comme une simple « prime » ponctuelle, mais comme un véritable levier stratégique.
« Pour que cela fonctionne, il faut rester à l’écoute des besoins et ne pas alourdir les règles. Notre convention est claire et lisible. Nous nous appuyons sur Atlas, notre OPCO, qui joue un rôle essentiel d’accompagnement technique et stratégique. L’enjeu, c’est d’orienter les salariés vers des formations réellement utiles à leur parcours comme à l’avenir de la branche. »
Cette approche, fondée sur la simplicité et la concertation, vise à encourager les entreprises à s’emparer pleinement du CPF au service de leur stratégie RH.

L’expérience de Castorama : replacer le salarié au centre du dialogue
De son côté, Castorama a partagé un retour d’expérience concret. L’enseigne de distribution spécialisée faisait face à une difficulté : sur environ 8 000 demandes de formation annuelles, seules 10 à 12 % pouvaient être satisfaites par le plan de développement des compétences, faute de budget suffisant.
Sébastien Lecat, Directeur Learning et Innovation RH, explique le tournant pris par l’entreprise :
« Le CPF avec l’abondement s’est imposé comme une solution. Il permet de responsabiliser chacun : le collaborateur, le manager et l’entreprise. Nous avons ainsi ouvert un dialogue renouvelé autour des projets individuels. La clé, c’est la confiance et le dialogue. Derrière nos 11 000 salariés, il y a 11 000 parcours singuliers. Ce n’est pas l’entreprise qui initie le dialogue, mais le collaborateur qui vient avec un projet. »
Cette philosophie illustre l’esprit même de la co-construction défendue par le Medef : l’entreprise n’impose pas, mais accompagne et oriente, tandis que le salarié prend l’initiative et s’engage dans son projet.
Vers un CPF plus stratégique et mieux intégré
Ce guide du Medef marque une nouvelle étape dans la réflexion autour de la formation professionnelle. Il incarne la volonté patronale de transformer le CPF en un outil de compétitivité collective, tout en maintenant son rôle d’accompagnement individuel.
En plaçant la confiance, le dialogue et la simplicité d’usage au cœur de sa démarche, il cherche à réconcilier deux logiques souvent perçues comme antagonistes : celle de l’épanouissement personnel et celle de la performance économique.
À travers des exemples concrets, des procédures simplifiées et une vision claire, le Medef appelle ainsi à une mobilisation collective pour faire du CPF non plus un dispositif isolé, mais un pilier de la stratégie RH et économique de demain.