Recent Posts
- January, 2025
Pourquoi le grand plan Compétences de Macron n’a pas tenu ses promesses ?
Vers une Nouvelle Réglementation Contre le Démarchage Téléphonique : Ce Que Cela Change Pour les Consommateurs
CPF : Évolutions et Enjeux pour 2025 selon la Caisse des Dépôts
La Fabrique : Un Nouveau Pôle d’Enseignement Supérieur au Service de l’Innovation et du Territoire
Lancement d’un Bachelor Banque Assurance en Formation Continue : Une Opportunité pour Booster sa Carrière
Pourquoi le grand plan Compétences de Macron n’a pas tenu ses promesses ?
Contents
- 1 Un investissement massif, mais des objectifs manqués
- 2 Une ambition initiale vite abandonnée
- 3 Un déploiement déséquilibré et une absence de coordination
- 4 Un public cible mal atteind
- 5 Une approche trop centrée sur le court terme
- 6 Des recommandations trop timides
- 7 Conclusion : un potentiel inexploité
Un investissement massif, mais des objectifs manqués
Déployé entre 2018 et 2023, puis prolongé jusqu’en 2027 dans son volet régional, le Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC) était présenté comme une réforme ambitieuse visant à transformer la formation professionnelle en France. Doté d’un budget colossal de 15 milliards d’euros, il avait pour double objectif de construire une « société de compétences » et de cibler en priorité les personnes peu qualifiées, notamment les jeunes sans diplôme et les chômeurs de longue durée.
Cependant, un rapport de la Cour des comptes publié en janvier 2025 dresse un constat amer : ces objectifs ont été largement manqués. Malgré un investissement considérable, la population active en France n’a pas significativement monté en compétences, et l’impact sur l’emploi reste difficilement mesurable.
Une ambition initiale vite abandonnée
Tout a commencé en 2017 avec le rapport de l’économiste Jean Pisani-Ferry remis à Édouard Philippe, alors Premier ministre. Ce document soulignait le manque de compétences de la main-d’œuvre française comme un frein économique majeur. En réponse, le gouvernement Macron a fait de la formation un pilier de son grand plan d’investissement de 57 milliards d’euros.
L’idée directrice était de concevoir la formation comme un capital humain à enrichir tout au long de la vie professionnelle, et non comme un simple levier de retour à l’emploi. Ce changement de paradigme devait favoriser une meilleure adaptation aux évolutions du marché du travail. Cependant, cet objectif a rapidement été abandonné, faute de pilotage clair. Au lieu d’une refonte structurelle, le PIC s’est transformé en un programme de formation classique, principalement géré par le ministère du Travail.
Un déploiement déséquilibré et une absence de coordination
Le PIC se décomposait en deux volets : un national et un régional. Si certaines innovations ont émergé à travers des appels à projets, l’essentiel des crédits a été utilisé pour financer des dispositifs déjà existants comme la Garantie jeunes. Au final, sur les 15 milliards prévus, seuls 6 milliards ont été effectivement consacrés à de nouvelles initiatives, le reste servant à renflouer des programmes existants.
Le volet régional, qui représentait près de la moitié du budget, n’a pas été mieux géré. Chaque région devait maintenir son effort de formation pour percevoir les fonds de l’État, mais dans les faits, cela s’est traduit par une extension du plan « 500.000 formations de chômeurs » initié par François Hollande. Bien que les régions aient gagné en visibilité sur leurs moyens, l’État s’est contenté de distribuer les fonds sans assurer un réel suivi des résultats.
Un public cible mal atteind
L’un des objectifs clés du PIC était d’aider les personnes les plus éloignées de l’emploi à acquérir des compétences réelles et durables. Or, sur ce point, la Cour des comptes est formelle : le plan n’a pas permis d’améliorer l’accès à la formation des moins qualifiés par rapport aux détenteurs d’un bac ou d’un diplôme supérieur.
Si le nombre de formations qualifiantes a augmenté, il est difficile d’établir un lien direct avec le PIC, car cette augmentation provient en grande partie du compte personnel de formation (CPF). Par ailleurs, bien que davantage de chômeurs de longue durée aient suivi une formation, aucun effet tangible sur leur retour à l’emploi n’a été démontré. Le cas des bénéficiaires du RSA est similaire : leur accès à la formation s’est amélioré, mais sans impact mesurable sur leur insertion professionnelle.
Une approche trop centrée sur le court terme
Un des points faibles du PIC tient à son approche orientée vers le retour rapide à l’emploi plutôt que sur la construction de parcours de formation cohérents et adaptés aux évolutions à long terme du marché du travail. Cette priorité donnée à l’insertion immédiate a limité les efforts en faveur d’une montée en compétences progressive et adaptée aux besoins futurs.
Pour Antoine Foucher, ancien directeur de cabinet de Muriel Pénicaud, le PIC a pourtant été bien orienté à l’échelle régionale. Il souligne que le nombre de chômeurs formés a doublé sans que le taux d’insertion ne baisse. Toutefois, cette amélioration reste relative et ne suffit pas à faire du PIC un succès.
Des recommandations trop timides
Malgré ce constat décevant, la Cour des comptes ne propose que peu de recommandations audacieuses pour corriger le tir. L’une des principales leçons du PIC est la nécessité d’une meilleure gouvernance. Actuellement, la formation des demandeurs d’emploi est fragmentée entre différents acteurs (régions, Pôle emploi, ministère du Travail, etc.), ce qui nuit à son efficacité.
Une solution pourrait être de confier l’intégralité de cette mission à un seul pilote. Cela permettrait de mieux coordonner les efforts et d’assurer un suivi plus rigoureux de l’impact des formations sur l’emploi. De plus, une refonte des critères d’attribution des financements pourrait garantir que les aides bénéficient vraiment aux publics les plus fragiles.
Conclusion : un potentiel inexploité
Le Plan d’Investissement dans les Compétences avait le potentiel de transformer la formation professionnelle en France. Malheureusement, faute de pilotage efficace et d’une stratégie de long terme, il s’est révélé être un simple programme de formation supplémentaire plutôt qu’un levier de transformation. Avec un budget aussi important, l’occasion était unique de structurer durablement la formation professionnelle.
Si des enseignements sont tirés de cet échec relatif, un futur plan pourrait enfin remplir la promesse d’une véritable « société de compétences ».