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Formation professionnelle : près d’un actif sur deux encore perdu face aux dispositifs existants

Six ans après la création du Compte Personnel de Formation (CPF), l’accès à la formation professionnelle continue semble s’être amélioré, mais demeure encore inégal. Le 6e baromètre annuel de Centre Inffo met en lumière une réalité contrastée : si un certain nombre d’actifs se sentent désormais mieux informés, une grande partie d’entre eux reste en marge des dispositifs.

En 2018, seuls 43 % des actifs déclaraient être « assez bien » ou « très bien informés » sur les formations continues. Aujourd’hui, ce chiffre atteint 53 %, marquant une progression notable de 10 points. Cette amélioration concerne particulièrement les jeunes actifs et les cadres, catégories globalement plus connectées aux évolutions du monde professionnel. Pourtant, malgré ces progrès, 47 % des répondants se sentent encore « mal » ou « très mal informés ». Parmi eux, les demandeurs d’emploi sont les plus touchés, ce qui pose une véritable problématique d’accès à la reconversion, dans une période marquée par des transitions professionnelles fréquentes.

Des inégalités persistantes selon les profils

Le manque d’information sur la formation professionnelle ne touche pas tous les publics de la même manière. Le baromètre révèle que les 35-64 ans, les ouvriers, ainsi que les fonctionnaires sont parmi les moins bien informés. Ces disparités renforcent l’idée que la communication autour des dispositifs de formation continue ne touche pas toutes les catégories d’actifs de façon homogène. Or, ce sont souvent ces publics qui auraient le plus à gagner à actualiser leurs compétences ou à envisager une reconversion.

Paradoxalement, alors que 51 % des actifs envisagent de changer d’emploi dans un avenir plus ou moins proche — et 1/3 d’entre eux dans les deux prochaines années — la méconnaissance des outils disponibles pour se former freine leur passage à l’acte.

Une méconnaissance inquiétante des dispositifs clés

Le CPF constitue aujourd’hui le dispositif le plus connu du système de formation français. 52 % des actifs déclarent savoir ce qu’il est et comment l’utiliser. Cependant, au-delà de ce socle, les autres dispositifs sont encore très mal identifiés. Par exemple, seuls 48 % des actifs affirment avoir une idée plus ou moins claire des secteurs qui recrutent, une information pourtant cruciale pour orienter une démarche de formation.

Quant à l’accompagnement, là encore, les chiffres sont préoccupants : la majorité des actifs ne connaissent pas les possibilités d’être conseillés dans leur parcours. Le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP), pourtant gratuit et accessible à tous, reste encore trop peu connu, et son taux de notoriété stagne depuis sa création.

Les modalités de financement des formations, autre levier essentiel de la décision de se former, restent mal comprises : 57 % des actifs avouent ne pas savoir comment une formation peut être financée. Cette ignorance constitue un frein majeur, surtout dans un contexte où l’incertitude économique pousse de nombreux salariés à rechercher de nouvelles opportunités professionnelles.

Des dispositifs oubliés : Pro-A, CléA, CEP…

Certains outils de la formation professionnelle peinent à émerger dans le paysage des actifs. Le dispositif Pro-A, qui permet à un salarié de changer de métier ou de se reconvertir par l’alternance, reste quasiment inconnu : plus de 80 % des actifs interrogés disent n’en avoir jamais entendu parler. C’est encore pire pour la certification CléA, conçue pour les personnes peu qualifiées, qu’elles soient salariées ou en recherche d’emploi.

Ces dispositifs ont pourtant été pensés pour répondre à des besoins précis, mais souffrent d’un déficit criant de notoriété. Cette situation questionne les stratégies de communication autour de la formation professionnelle : comment toucher les personnes concernées si les outils restent invisibles ?

Des repères encore solides : VAE, apprentissage, bilan de compétences

Heureusement, certains mécanismes de formation jouissent d’une meilleure reconnaissance. C’est le cas de l’apprentissage, qui bénéficie d’un regain d’intérêt ces dernières années, mais aussi du bilan de compétences ou encore de la validation des acquis de l’expérience (VAE). Ces dispositifs sont connus par une majorité d’actifs, signe que leur implantation dans le système de formation est solide.

D’autres outils, comme le contrat de professionnalisation ou le Projet de Transition Professionnelle (PTP) — qui permet de financer des formations longues en vue d’une reconversion — sont également relativement bien identifiés, respectivement par 70 % et 60 % des actifs. Ce sont autant de pistes à renforcer pour encourager la montée en compétences.

Une urgence à simplifier et rendre plus lisible l’offre de formation

La directrice générale de Centre Inffo insiste sur ce point : il est urgent de simplifier et de clarifier l’écosystème de la formation professionnelle, dans un contexte où la moitié des actifs envisage une transition professionnelle. Si la volonté de changer est là, le manque de lisibilité sur les dispositifs freine les démarches.

C’est dans cette perspective que la ministre du Travail a récemment demandé aux partenaires sociaux – syndicats et organisations patronales – d’ouvrir une négociation sur la simplification des parcours de formation et de reconversion. Objectif : lever les freins à l’accès à la formation et faire en sorte que chaque actif, quel que soit son âge, son statut ou son niveau de qualification, puisse s’orienter facilement vers une offre adaptée.

Vers une formation plus accessible et plus inclusive ?

Pour que la formation professionnelle joue pleinement son rôle dans l’accompagnement des transformations économiques, technologiques et sociales, elle doit être plus inclusive. Cela signifie adapter la communication, rendre les dispositifs accessibles dans un langage clair, favoriser les actions de proximité, en lien avec les acteurs de terrain : Pôle emploi, missions locales, Opco, entreprises, associations…

Les outils numériques doivent également contribuer à cette démocratisation. Applications, portails d’information et plateformes d’orientation peuvent aider à guider les actifs vers les formations pertinentes, à condition qu’ils soient simples d’utilisation et bien référencés.

Des enjeux majeurs pour l’avenir du travail

Dans un monde du travail en perpétuelle évolution, marqué par la montée de l’intelligence artificielle, les transitions écologiques et les nouvelles formes d’organisation du travail, la capacité des actifs à se former tout au long de la vie devient un facteur de résilience essentiel.

La formation n’est plus un luxe, mais une nécessité. Elle permet non seulement d’anticiper les transformations, mais aussi de sécuriser les parcours professionnels. Encore faut-il que chacun puisse s’en emparer. Or, tant que près d’un actif sur deux reste mal informé, les ambitions resteront partiellement vaines.

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