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Une Révolution dans le Financement du Permis de Conduire : Le CPF Familial en Ligne de Mire

Et si les parents pouvaient bientôt financer le permis de conduire de leurs enfants grâce à leur propre Compte Personnel de Formation (CPF) ? C’est en tout cas la proposition phare avancée par Laurent Wauquiez, figure politique majeure à droite, dans le cadre de sa campagne pour la présidence des Républicains. Ce projet, à la fois audacieux et controversé, pourrait bien bouleverser les règles actuelles du financement de l’apprentissage de la conduite en France.

Le coût du permis de conduire : un frein pour l’insertion professionnelle

Le permis de conduire est aujourd’hui un passage presque obligé pour nombre de jeunes souhaitant entrer sur le marché du travail, notamment dans les zones rurales ou périurbaines. Pourtant, son coût moyen, estimé à environ 1 200 euros, voire jusqu’à 1 800 euros dans certains cas, représente un véritable obstacle financier pour de nombreuses familles. À ce titre, Laurent Wauquiez entend proposer une réponse concrète en ouvrant une nouvelle voie de financement, reposant sur la solidarité intrafamiliale et le recours au CPF des parents.

Le CPF, un levier déjà utilisé… mais personnel

Le CPF est un dispositif bien connu des actifs français, permettant de cumuler des droits à la formation tout au long de sa carrière professionnelle. Aujourd’hui, il peut déjà être mobilisé pour financer une formation au permis de conduire, à condition qu’il s’agisse d’un besoin professionnel identifié. Toutefois, cette possibilité est strictement individuelle : chacun ne peut utiliser que les droits qu’il a lui-même acquis, et uniquement pour son propre compte.

La nouveauté dans la proposition de Wauquiez réside donc dans la défiscalisation du CPF au bénéfice de tiers, en l’occurrence les enfants. Une orientation qui, si elle venait à être mise en œuvre, introduirait un changement de paradigme dans l’usage de ce dispositif public.

Une idée née dans les régions : l’exemple de l’Auvergne-Rhône-Alpes

Ce n’est pas la première fois que Laurent Wauquiez agit concrètement sur la question du permis de conduire. En tant que président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, il a déjà mis en place un système d’aide financière pour les jeunes de 17 ans, leur permettant de bénéficier d’un coup de pouce de 150 euros pour financer leur apprentissage de la conduite. Ce montant peut même être complété par une subvention de 200 à 500 euros, à condition d’effectuer une mission d’engagement volontaire de 35 à 80 heures au service de la collectivité.

Cette approche repose sur une logique de contrepartie citoyenne que Wauquiez revendique : « Je n’aime pas quand c’est gratuit. On fait quelque chose pour toi, tu fais quelque chose pour la société », déclare-t-il. Une philosophie qu’il souhaite désormais voir étendue à l’échelle nationale.

Une mesure déjà esquissée… mais encore bloquée

La proposition de rendre le CPF transférable pour financer le permis d’un enfant n’est pas totalement inédite. En mars 2023, le député de l’Indre, Nicolas Forissier (LR), avait déjà tenté de faire adopter un amendement en ce sens. Toutefois, cette tentative avait été déclarée irrecevable, probablement en raison des contraintes juridiques ou budgétaires qu’elle soulevait.

Depuis, le sujet n’a pas été enterré. Au contraire, une nouvelle proposition de loi a été déposée à l’Assemblée nationale le 19 novembre 2024 par Virginie Duby-Muller, autre élue des Républicains. Ce retour sur le devant de la scène législative montre que l’idée fait son chemin au sein de la droite française, qui cherche à se positionner sur des mesures concrètes, en lien direct avec le pouvoir d’achat et l’insertion professionnelle des jeunes.

Un programme plus large en faveur des automobilistes

La proposition de financement du permis de conduire via le CPF parental s’inscrit dans un programme plus global de soutien aux automobilistes, que Wauquiez défend avec vigueur. Connu pour ses positions tranchées, il se dit favorable au retour de la limitation de vitesse à 90 km/h sur les routes secondaires, s’oppose à l’interdiction de vente des voitures thermiques à l’horizon 2035 dans l’Union européenne, et réclame la suppression des Zones à Faibles Émissions (ZFE), jugées pénalisantes pour les classes moyennes et populaires.

Avec cette nouvelle proposition, il renforce son image d’« ami des automobilistes », désireux de défendre leur liberté de mouvement et de faciliter leur accès aux infrastructures de mobilité, notamment en milieu rural, où la voiture reste souvent incontournable.

Une mesure qui soulève des questions

Si l’idée séduit par sa simplicité et sa dimension solidaire, elle soulève néanmoins de nombreuses questions pratiques et juridiques. Peut-on juridiquement permettre à un salarié de mobiliser ses droits CPF pour financer un projet qui ne le concerne pas directement ? Comment éviter les dérives ou les abus potentiels ? La mesure serait-elle conditionnée à un encadrement strict (âge limite de l’enfant, formation certifiée, etc.) ? Quelles seraient les conséquences financières pour le système global de la formation professionnelle ?

Autant de points qui devront être précisés si cette proposition veut espérer franchir les étapes parlementaires et voir le jour dans les prochaines années.

Un enjeu politique et sociétal

Au-delà de la seule problématique du permis de conduire, cette proposition ouvre un débat plus large sur l’utilisation des droits à la formation et la solidarité intergénérationnelle. Faut-il permettre aux parents d’investir leurs droits dans les projets de leurs enfants ? Peut-on adapter les outils de la formation continue aux besoins des familles ? Ces questions pourraient bien structurer les débats à venir sur la réforme du CPF.

En définitive, la proposition de Laurent Wauquiez de permettre aux parents d’utiliser leur CPF pour financer le permis de conduire de leurs enfants bouscule les lignes traditionnelles du financement de la mobilité et de la formation. Ambitieuse et politiquement marquée, elle devra encore faire ses preuves sur le plan technique et juridique. Mais elle a le mérite de poser la question de l’accès au permis comme un enjeu central de l’émancipation des jeunes et de leur insertion professionnelle.

Pour plus d’analyses et d’actualités autour de la formation, de la mobilité professionnelle et des dispositifs CPF, retrouvez d’autres articles sur notre blog dédié à la formation professionnelle : Eforma.

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