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L’essor de l’apprentissage dans le secteur privé de la santé : bilan, enjeux et perspectives

Depuis 2019, le secteur privé de la santé a connu une croissance spectaculaire du nombre d’alternants, avec près de 80 000 jeunes accompagnés dans le cadre de parcours en apprentissage. Cette montée en puissance s’explique par plusieurs facteurs convergents, notamment la réponse à des besoins urgents en personnel qualifié et une meilleure structuration des dispositifs de formation.
Contents
- 1 Une dynamique portée par la demande et le contexte sanitaire
- 2 Insertion professionnelle : un taux d’embauche prometteur
- 3 Des diplômes particulièrement plébiscités
- 4 Une réforme qui suscite de vives inquiétudes
- 5 Des formations clés menacées
- 6 Un risque de coup d’arrêt en 2025 ?
- 7 Quelles solutions envisager ?
- 8 Un appel au dialogue avec les pouvoirs publics
Une dynamique portée par la demande et le contexte sanitaire
Le développement de l’apprentissage dans la santé privée s’est accéléré notamment après la crise sanitaire du COVID-19. En 2020, on comptait environ 7 000 apprentis, chiffre qui n’a cessé d’augmenter les années suivantes : 11 000 en 2021, 15 000 en 2022, 14 000 en 2023 et de nouveau 15 000 en 2024. Cette progression répond à une tension très forte sur le marché de l’emploi : à la fin de l’année 2022, l’Observatoire de l’OPCO Santé estimait à 72 000 le nombre de postes non pourvus ou à pourvoir dans le secteur.
L’apprentissage apparaît donc comme un levier stratégique pour pallier la pénurie de professionnels. Il s’inscrit naturellement dans un secteur où l’alternance, bien que moins présente dans les métiers dits « cœur de métier », est déjà pratiquée sous forme de stages et d’immersion sur le terrain.
Autre facteur de réussite : les branches professionnelles ont su éviter une concurrence directe entre apprentissage et contrat de professionnalisation, permettant ainsi aux deux dispositifs de coexister harmonieusement.
Insertion professionnelle : un taux d’embauche prometteur
Bien que l’OPCO Santé ne dispose pas encore de données précises sur le devenir de ses apprentis, des études nationales indiquent des résultats très encourageants : 60 % des jeunes issus de l’apprentissage accèdent à un CDI dans les six mois suivant leur formation, contre 39 % pour ceux issus de la voie scolaire classique, selon l’Observatoire de l’Alternance.
Cela illustre la pertinence de l’apprentissage comme voie de professionnalisation efficace, en phase avec les attentes du marché du travail.
Des diplômes particulièrement plébiscités
Sur la période 2023-2024, certains diplômes concentrent une grande partie des contrats d’apprentissage financés par l’OPCO Santé. En tête, on retrouve :
- Aide-soignant : 5 949 contrats
- Éducateur spécialisé : 3 980 contrats
- Accompagnant éducatif et social : 1 896 contrats
- Moniteur éducateur : 1 561 contrats
- Infirmier : 958 contrats
À eux seuls, ces cinq diplômes représentent près de la moitié des contrats financés. D’autres formations, comme celles de psychomotricien, d’ergothérapeute ou de masseur-kinésithérapeute, bénéficient également du dispositif, mais dans une moindre mesure, notamment sur les deux dernières années de cursus.
Une réforme qui suscite de vives inquiétudes
L’annonce d’une réforme du financement de l’apprentissage par l’État a provoqué des réactions préoccupées dans le secteur. Les premières conséquences se font déjà sentir : avec la fin des aides à l’embauche dans le cadre du contrat de professionnalisation au printemps 2024, on observe une baisse de 14 % de ces contrats. Quant à la croissance de l’apprentissage, elle s’est fortement ralentie, n’atteignant que 2,4 % en 2024.
Le principal point de tension réside dans la mise en place d’un reste à charge pour les formations de niveau 6 et plus (à partir de Bac+3). Cette mesure augmente le coût global de l’apprentissage de plus de 5 millions d’euros, une charge que l’OPCO Santé ne peut absorber. À court terme, cela risque de freiner considérablement le développement de l’apprentissage, en particulier dans les filières déjà en tension.

Des formations clés menacées
Les formations d’infirmier et d’éducateur spécialisé, pourtant cruciales pour le bon fonctionnement du système de santé, pourraient être les premières victimes de la réforme. En 2024, 453 contrats d’apprentissage d’infirmiers et 1 927 contrats d’éducateurs spécialisés ont été enregistrés. Au total, les diplômes de niveaux 6 et 7 ont représenté 7 108 contrats, soit 45 % de l’ensemble des apprentissages financés par l’OPCO Santé.
Un recul sur ces formations stratégiques pourrait avoir des effets dévastateurs à moyen terme, alors même que les besoins en personnel qualifié ne cessent de croître.
Un risque de coup d’arrêt en 2025 ?
Face à la baisse des dotations publiques, l’OPCO Santé anticipe une baisse de 5 % du nombre de contrats d’apprentissage en 2025. À cela s’ajoute la difficulté persistante des établissements à recruter, ainsi que les coûts liés à l’intégration des apprentis, souvent élevés pour des structures déjà sous tension financière.
Les effets d’un tel ralentissement ne seront visibles qu’à moyen terme, d’ici trois à quatre ans, une temporalité qui correspond à la durée des formations concernées. Mais le risque est réel : sans correction rapide, le secteur pourrait subir une véritable pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans les années à venir.
Quelles solutions envisager ?
Pour concilier impératifs budgétaires et besoin de formation massif, plusieurs pistes sont à envisager. D’abord, il serait utile de baser les décisions sur des projections démographiques et non sur des contraintes budgétaires immédiates. Le vieillissement de la population et l’évolution des besoins en soins appellent une vision à long terme.
Par ailleurs, introduire davantage de souplesse dans les modes de financement, par exemple via l’ajout de fonds conventionnels de branche, pourrait compenser une partie du désengagement de l’État. Si les fonds de l’apprentissage sont davantage orientés vers les qualifications de niveau infra 6, d’autres dispositifs d’alternance devront être développés pour les niveaux supérieurs, essentiels dans la santé.
Un appel au dialogue avec les pouvoirs publics
Le message de l’OPCO Santé est clair : il est urgent d’ouvrir le dialogue avec les décideurs afin de construire une stratégie équilibrée entre efficacité économique et enjeux de société. Le secteur de la santé est vital pour la France et ne peut être géré uniquement à court terme.
En attendant les décrets définitifs, l’OPCO Santé réaffirme sa volonté de rester un acteur central, au service des employeurs, des centres de formation et des jeunes, pour simplifier l’accès au secteur et soutenir les trajectoires professionnelles durables.