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Comment les nouvelles règles de 2024 ont profondément transformé l’usage du CPF

Le Compte Personnel de Formation (CPF), véritable pilier du financement de la formation continue en France, a connu en 2024 une mutation sans précédent. Alors que l’année 2023 avait été qualifiée par la Caisse des Dépôts d’« année de référence », marquant une période de stabilité et d’essor du dispositif, 2024 s’est révélée bien différente. Le rapport annuel de gestion de Mon Compte Formation, publié le 9 octobre, dresse un constat clair : les récentes évolutions réglementaires ont profondément modifié les comportements des utilisateurs, réduisant sensiblement le nombre de formations engagées.

Deux réformes majeures à l’origine du changement

Le rapport met en lumière deux décisions réglementaires majeures prises en 2023 et pleinement appliquées en 2024 :

  1. L’élargissement du CPF à la formation au permis moto, permettant aux bénéficiaires d’utiliser leurs droits pour financer l’obtention du permis A ou A2.
  2. L’instauration d’une participation financière obligatoire des titulaires du CPF, sauf dans certains cas d’exonération.

Si ces mesures visaient à mieux encadrer les dépenses et à responsabiliser les utilisateurs, elles ont également eu des effets inattendus sur la dynamique du dispositif.

Une baisse notable du nombre d’inscriptions

Selon le rapport de la Caisse des Dépôts, le nombre total de formations financées via le CPF a nettement reculé en 2024. Après plusieurs années de croissance continue, la tendance s’est inversée, en grande partie à cause de la contribution financière obligatoire.

Cette participation, fixée à un montant forfaitaire, a découragé une partie des salariés et des demandeurs d’emploi, notamment ceux aux revenus modestes. Beaucoup ont préféré reporter ou renoncer à leur projet de formation, par crainte d’un coût trop élevé ou d’une complexité administrative accrue.

Le rapport souligne également que la nature des formations financées a évolué. Les formations longues ou coûteuses, comme celles menant à un titre professionnel ou à une reconversion, ont été plus touchées que les formations courtes, plus accessibles financièrement.

Le permis moto, un succès limité

L’ouverture du CPF à la formation au permis moto avait suscité un grand intérêt à son annonce, mais les résultats sont restés mitigés. D’un côté, cette mesure a permis de diversifier l’offre de formation éligible, en répondant à une demande réelle, notamment de la part de travailleurs indépendants ou de livreurs utilisant un deux-roues dans le cadre professionnel.

Cependant, le nombre d’inscriptions effectives est resté en deçà des prévisions. Les conditions d’éligibilité strictes, exigeant une justification professionnelle, ont limité l’accès à cette nouvelle possibilité. En outre, la participation financière obligatoire a freiné de nombreux candidats, réduisant l’impact positif attendu de cette mesure.

Un dispositif mieux encadré, mais moins attractif

Pour la Caisse des Dépôts, l’année 2024 marque un tournant. Après plusieurs années marquées par une explosion des inscriptions – et aussi par des abus et fraudes massives –, les nouvelles règles visent à restaurer la crédibilité du CPF.

La contribution des bénéficiaires joue ici un rôle dissuasif face aux arnaques, tout en responsabilisant les apprenants. Désormais, l’inscription à une formation via Mon Compte Formation nécessite une vérification renforcée des organismes prestataires et des conditions d’accès.

Cette rigueur accrue a certes freiné le volume global d’inscriptions, mais elle a aussi permis d’améliorer la qualité moyenne des formations financées. Les organismes douteux, qui profitaient de la simplicité du dispositif pour proposer des offres peu sérieuses, sont progressivement écartés du système.

Le rôle central de la Caisse des Dépôts

En tant qu’opérateur du dispositif, la Caisse des Dépôts souligne dans son rapport les efforts entrepris pour sécuriser et fiabiliser le CPF. Parmi les chantiers engagés :

  • le renforcement du contrôle des prestataires de formation,
  • la lutte contre le démarchage abusif,
  • la mise à jour des outils numériques pour simplifier le parcours utilisateur.

En parallèle, la Caisse met en avant une volonté de pédagogie auprès des usagers. Une communication plus claire sur les conditions d’éligibilité, les démarches à suivre et les règles de participation financière est jugée essentielle pour restaurer la confiance.

Un rééquilibrage entre formation et responsabilité

Derrière ces évolutions se profile une réflexion plus large sur le rôle du CPF dans le paysage de la formation professionnelle. Après une phase d’expansion rapide, marquée par un usage parfois excessif du dispositif, les pouvoirs publics souhaitent désormais recentrer le CPF sur sa vocation initiale : permettre à chacun d’acquérir des compétences utiles à l’emploi et à l’évolution professionnelle.

L’introduction d’une part de cofinancement vise à impliquer davantage les salariés dans leur parcours d’apprentissage, en valorisant les projets les plus structurés et en responsabilisant les bénéficiaires. Cette logique de “formation choisie et investie” marque un tournant par rapport à la logique de consommation quasi gratuite observée jusque-là.

Des perspectives d’ajustement pour 2025

Si le rapport de gestion 2024 fait état d’une baisse d’activité, il souligne également des signes positifs pour l’avenir. L’assainissement du dispositif, la montée en qualité des formations et la stabilisation des processus administratifs devraient porter leurs fruits à moyen terme.

Les autorités envisagent déjà plusieurs ajustements pour 2025, notamment la possibilité d’adapter le montant de la participation financière selon le revenu du bénéficiaire, afin de ne pas pénaliser les publics les plus fragiles.

La digitalisation du suivi des parcours et l’intégration de nouvelles fonctionnalités sur la plateforme Mon Compte Formation pourraient aussi renforcer la transparence et l’efficacité du système.

Conclusion

L’année 2024 restera comme celle du grand réajustement du CPF. Après une période d’euphorie marquée par un recours massif et parfois désordonné au dispositif, les pouvoirs publics ont choisi de privilégier la qualité, la sécurité et la responsabilité.

Même si la participation financière a temporairement freiné les inscriptions, ces changements posent les bases d’un CPF plus durable, plus crédible et mieux maîtrisé. Un tournant nécessaire pour garantir la pérennité de ce droit individuel à la formation, au service de l’emploi et du développement des compétences.

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