CPF : Les formations préférées des Français en 2024

Depuis sa création, le Compte Personnel de Formation (CPF) a révolutionné l’accès à la formation pour les actifs. L’année 2024 marque un tournant décisif pour cet outil devenu central dans les parcours professionnels. Avec 1,4 million de formations lancées grâce au CPF, les Français redécouvrent l’intérêt de mobiliser leur crédit formation. Après deux années de léger recul, le dispositif retrouve un nouveau souffle. Cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs, dont l’élargissement de l’offre à des formations très demandées et les changements de réglementation.

Une reprise nette après deux années de stagnation

Selon les données récentes de la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), l’année écoulée a connu une hausse de 4 % des entrées en formation via le CPF. Après un ralentissement observé en 2022 et 2023, cette progression marque un regain d’intérêt des actifs pour le développement de leurs compétences. Ce redémarrage est notamment lié à une anticipation massive de l’instauration de la Participation Forfaitaire Obligatoire (PFO) de 100 €, mise en place le 2 mai 2024. De nombreux utilisateurs ont préféré valider leur dossier en amont pour éviter cette nouvelle charge financière.

Permis B : la formation indétrônable

Parmi l’ensemble des formations disponibles via le CPF, le permis de conduire B demeure la grande vedette. Avec près de 309 300 inscriptions en 2024, cette formation représente plus de 20 % des parcours financés. Ce chiffre confirme que pour une majorité de bénéficiaires, le CPF est un levier essentiel d’accès à la mobilité professionnelle. Le permis de conduire est souvent un prérequis pour décrocher un emploi ou élargir son champ de recherche, en particulier dans les zones rurales ou périphériques.

Le permis moto fait une entrée fracassante

Nouveauté de l’année : l’ajout du permis A (moto) au catalogue des formations éligibles au CPF a déclenché un engouement massif. En seulement quelques mois, 131 900 formations ont été engagées, soit déjà 10 % des dossiers annuels. Ce succès s’explique en partie par l’attrait qu’exerce la moto chez un public plus jeune, souvent confronté à des contraintes budgétaires. Grâce au CPF, ces apprenants peuvent désormais financer intégralement leur formation sans avance de frais. Les auto-écoles, de leur côté, ont rapidement adapté leur offre pour répondre à cette nouvelle demande.

Le transport et la logistique : un pôle en forte croissance

Si l’on additionne les inscriptions au permis voiture, moto et aux formations en logistique ou transport de marchandises, on atteint 44,6 % des dossiers CPF. Ce chiffre illustre la place centrale occupée par la mobilité dans les trajectoires professionnelles. Le CPF devient ainsi un outil de réponse aux tensions sur les métiers du transport, où les besoins en main-d’œuvre sont constants.

Chute libre pour les formations en bureautique et numérique

À l’opposé, certaines filières connaissent une véritable dégringolade. Les formations en bureautique enregistrent une baisse de 40 %, et celles en informatique, une chute de 48 %. Plusieurs explications peuvent être avancées : d’abord, un nettoyage en profondeur du catalogue a été mené pour éliminer les certifications jugées peu qualitatives ou frauduleuses. Ensuite, les badges de « compétences numériques », suspendus temporairement, n’ont été réintroduits qu’au printemps, trop tard pour compenser la baisse.

Les bilans de compétences et la VAE en repli

Autres victimes de cette restructuration du CPF : les bilans de compétences et la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), qui reculent également. Toutefois, une reprise est envisageable à court terme, notamment dans le contexte de nombreux plans sociaux annoncés dans différents secteurs. Ces dispositifs sont souvent utilisés dans les phases de reconversion ou de repositionnement professionnel, et leur pertinence demeure forte.

Des perspectives contrastées pour 2025

À partir de janvier 2025, la Participation Forfaitaire Obligatoire sera réévaluée à 102,23 €, tenant compte de l’inflation. Cette augmentation pourrait constituer un frein pour certains candidats, surtout ceux qui hésitent à investir dans une démarche de formation. Cependant, plusieurs signaux sont porteurs d’optimisme : la réintégration progressive des certifications numériques et le renforcement des besoins de reconversion dans certains secteurs en tension devraient dynamiser à nouveau le marché.

De plus, la mise en œuvre d’un nouveau système de contrôle renforcé, avec alertes antifraude automatisées, vise à mieux encadrer le dispositif. Cela devrait permettre de restaurer la confiance des usagers tout en rassurant les pouvoirs publics sur l’usage des financements.

Le CPF : un révélateur des tendances professionnelles

L’analyse de l’utilisation du CPF révèle un enseignement fondamental : les choix des Français en matière de formation évoluent rapidement en fonction des opportunités du catalogue, mais aussi des modifications réglementaires. L’ajout d’un nouveau type de formation ou l’introduction d’un coût supplémentaire suffit à bouleverser l’ordre établi.

En 2024, le CPF a une nouvelle fois démontré qu’il n’était pas seulement un outil de formation, mais aussi un baromètre de l’emploi et des attentes des actifs. Mobilité, reconversion, montée en compétences numériques : autant d’indicateurs à observer de près pour anticiper les besoins du marché du travail.