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Enseignement et formation professionnels : le Cedefop dresse un bilan stratégique de la France entre 2020 et 2024

Entre 2020 et 2024, la France a poursuivi un vaste chantier de modernisation de son enseignement et de sa formation professionnels (EFP). Le Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop), en collaboration avec Centre Inffo dans le cadre du réseau ReferNet France, vient de publier une note d’orientation nationale détaillant les évolutions majeures du système, ses défis et ses priorités à horizon 2030.

Ce rapport, fondé sur une analyse approfondie, s’inscrit dans le suivi européen de la recommandation du Conseil sur l’EFP et de la déclaration d’Osnabrück (2020). Il contribue également à l’élaboration des nouvelles priorités de l’Union européenne pour la période post-2026 et à l’évaluation à mi-parcours de la stratégie européenne en matière de formation professionnelle.

Un contexte en pleine mutation

Le Cedefop souligne que la France a dû composer, entre 2020 et 2024, avec des mutations profondes du marché du travail, accélérées par la crise sanitaire, la transition écologique et la transformation numérique. Face à ces bouleversements, les politiques publiques ont cherché à rendre l’EFP plus flexible, plus inclusive et mieux alignée sur les besoins économiques.

L’objectif général poursuivi a été clair : permettre à chaque citoyen de mieux gérer sa carrière, d’acquérir de nouvelles compétences et de sécuriser son parcours professionnel, dans un monde du travail en constante évolution.

Des parcours de formation plus individualisés et flexibles

Parmi les avancées notables, le rapport insiste sur les efforts déployés pour renforcer la personnalisation des parcours de formation. Plusieurs réformes structurantes ont été adoptées pour accroître la flexibilité et l’accessibilité de l’offre de formation.

L’extension du Compte Personnel de Formation (CPF) a notamment permis à un plus grand nombre d’actifs d’accéder à des formations modulaires et adaptées à leurs besoins. De son côté, la réforme de France Travail (anciennement Pôle Emploi) a encouragé l’orientation vers des parcours individualisés, articulant accompagnement, formation et insertion professionnelle.

La réforme de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) a également joué un rôle clé. En simplifiant les démarches administratives et en apportant un soutien renforcé aux candidats, elle a rendu la certification plus accessible. Les projets pilotes REVA ont, quant à eux, accéléré les parcours de validation dans plusieurs secteurs stratégiques, notamment la santé et l’industrie.

L’apprentissage : un moteur essentiel de l’emploi des jeunes

Autre volet central du rapport : la dynamique de l’apprentissage. Entre 2020 et 2024, la France a connu une croissance exceptionnelle du nombre de contrats d’apprentissage, portée par des dispositifs simplifiés et des incitations financières fortes.

Les réformes ont favorisé un meilleur ancrage de la formation en milieu professionnel, notamment grâce à l’AFEST (Action de Formation En Situation de Travail). Ce dispositif innovant a permis à des publics éloignés de l’emploi, comme les chômeurs de longue durée, de bénéficier d’une formation pratique directement en entreprise.

Pour l’avenir, le Cedefop recommande de renforcer l’orientation professionnelle dès le secondaire et d’étendre la modularisation des parcours, afin de faciliter la transition entre l’enseignement professionnel initial, la formation continue et l’enseignement supérieur.

La double transition : compétences vertes et numériques au cœur des priorités

La France a également concentré ses efforts sur le développement des compétences nécessaires à la double transition écologique et numérique. Deux textes structurants ont servi de leviers majeurs : la loi Climat et Résilience et la stratégie pour l’éducation numérique 2023-2027.

Ces cadres ont favorisé l’intégration progressive des compétences vertes et digitales dans les programmes de formation professionnelle. Le plan France 2030, couplé à l’initiative « Compétences et emplois du futur », soutient le financement de formations innovantes dans des secteurs comme l’énergie propre, l’intelligence artificielle, la cybersécurité ou encore la robotique.

Les Opérateurs de Compétences (OPCO) ont joué un rôle stratégique dans cette évolution, en identifiant les besoins sectoriels et en accompagnant les entreprises dans la mise en œuvre de projets durables. Les accords EDEC (Engagements de Développement de l’Emploi et des Compétences) et les outils régionaux de prévision des emplois ont contribué à mieux faire correspondre l’offre de formation aux besoins réels du marché.

Inclusion et égalité des chances : un axe fort des politiques publiques

Le Cedefop met également en avant les avancées françaises en matière d’égalité des chances dans l’accès à la formation professionnelle. Le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) et les programmes d’écoles ouvertes ont permis à de nombreux jeunes en difficulté (NEET – ni en emploi, ni en études, ni en formation) d’être accompagnés vers une qualification et un projet professionnel solide.

Le CPF continue de jouer un rôle déterminant pour les adultes peu qualifiés, les travailleurs handicapés et les publics en reconversion. De plus, l’obligation de formation jusqu’à 18 ans garantit à chaque jeune un accès minimal à une qualification.

Dans le domaine de l’inclusion, l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) a déployé divers instruments pour lutter contre l’illettrisme et promouvoir l’inclusion numérique. Ces initiatives favorisent un accès équitable à la formation, notamment dans les zones rurales et défavorisées.

Des défis persistants à relever d’ici 2030

Malgré ces avancées, le Cedefop identifie plusieurs axes d’amélioration. Le rapport suggère notamment de renforcer la formation des enseignants à la pédagogie inclusive, d’adapter davantage les ressources pédagogiques aux réalités locales et d’améliorer la communication auprès des groupes sous-représentés (femmes dans les métiers techniques, jeunes issus des quartiers prioritaires, personnes en reconversion tardive).

La France devra également poursuivre ses efforts en matière de digitalisation des outils pédagogiques, d’intégration des technologies émergentes comme l’IA et le cloud, et d’amélioration de la couverture territoriale de l’offre de formation.

Une trajectoire européenne partagée

Enfin, le Cedefop rappelle que les actions engagées par la France s’inscrivent pleinement dans le cadre des engagements européens : la recommandation du Conseil sur l’EFP, la déclaration d’Osnabrück (2020) et, plus récemment, la déclaration de Herning, adoptée le 11 septembre 2025. Ces textes définissent les orientations communes de l’Union européenne pour rendre l’EFP plus résilient, inclusif et tourné vers l’avenir.

La France, en poursuivant ses réformes et ses investissements, vise ainsi à atteindre les objectifs de son plan national de mise en œuvre à horizon 2030, tout en contribuant activement à la construction d’un espace européen de la formation professionnelle.

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