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- October, 2025
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La formation professionnelle mobilisée contre la fraude : un plan national pour restaurer la confiance

Le secteur de la formation professionnelle, pilier essentiel du développement des compétences et de l’employabilité, n’échappe pas aux dérives. Arnaques au compte personnel de formation (CPF), organismes fictifs, formations de piètre qualité : les fraudes se sont multipliées ces dernières années, fragilisant la crédibilité du dispositif et détournant des millions d’euros de fonds publics. Face à cette situation, le gouvernement a décidé d’agir.
En juillet 2025, un plan national “Qualité et lutte contre la fraude dans la formation professionnelle” a été présenté par le gouvernement de François Bayrou. Fruit d’une collaboration entre quatre ministères, ce plan vise à assainir le secteur, à renforcer la transparence et à garantir une meilleure qualité des prestations.
Contents
Un secteur fragilisé par les abus
Depuis la réforme du CPF et la digitalisation des démarches, de nombreux fraudeurs ont profité des failles du système. Des formations sans contenu réel, des prestataires inexistants, des plateformes usurpant l’identité d’organismes certifiés : les pratiques frauduleuses ont proliféré.
Les conséquences sont lourdes : détournement de fonds, perte de confiance des bénéficiaires et atteinte à l’image globale de la formation professionnelle. Pour restaurer la crédibilité du dispositif, le gouvernement a fait de la qualité et de la lutte contre la fraude une priorité nationale.
Quatre grands axes d’action
Le plan s’articule autour de quatre priorités majeures, toutes orientées vers un même objectif : garantir la fiabilité du système et la pertinence des formations proposées.
- Renforcer la qualité des formations : il s’agit de s’assurer que les organismes disposent des ressources, des moyens humains et matériels nécessaires pour délivrer des apprentissages concrets et efficaces.
- Mieux informer et protéger les publics : le gouvernement souhaite garantir que les salariés, demandeurs d’emploi et jeunes puissent choisir leurs formations en toute confiance.
- Assurer la qualité des processus internes des organismes de formation : en harmonisant les procédures d’agrément, de suivi et de contrôle.
- Mettre en place une politique de tolérance zéro face à la fraude : les contrôles seront intensifiés, et les Régions verront leurs pouvoirs de surveillance renforcés.
Les Régions au cœur du dispositif
Le plan prévoit un rôle accru pour les Régions, qui bénéficieront de pouvoirs de contrôle élargis. Cette décentralisation vise à rapprocher le contrôle des réalités du terrain.
Karine Desroses, vice-présidente du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge de la formation professionnelle et de l’apprentissage, souligne :
« Sur les fraudes liées à la formation, les aides individuelles, et particulièrement le CPF, sont les plus concernées. Nous avons pu déjouer plusieurs tentatives grâce à la vigilance des services régionaux. »
Deux opérations de fraude ont ainsi été stoppées avant même le versement des fonds : une fin 2023, portant sur 28 demandes, et une autre en février 2024, sur huit dossiers.
Ces détections ont permis d’éviter un préjudice de près de 180 000 euros. Ces montants, désormais préservés, peuvent être réinvestis dans des actions de formation de qualité. Pour les collectivités locales, cette réussite illustre l’efficacité d’une collaboration étroite entre les services régionaux, les organismes certificateurs et les acteurs de terrain.
Une meilleure information pour les bénéficiaires
Le plan met également l’accent sur la transparence de l’information. Trop souvent, les stagiaires s’inscrivent à des formations sans disposer de données claires sur le contenu, la durée ou les infrastructures.
« Nous recevons encore trop de plaintes de personnes qui se sont inscrites dans des organismes inexistants ou inadaptés », déplore Karine Desroses.
En ciblant et en contrôlant plus rigoureusement les prestataires, l’État espère redonner confiance aux bénéficiaires et valoriser les acteurs sérieux du secteur.
Une communication renforcée accompagnera la mise en œuvre du plan, afin de sensibiliser les publics aux risques d’arnaque et de leur apprendre à reconnaître une offre de formation fiable.
Qualiopi, un label renforcé
Autre volet central du plan : la certification Qualiopi, qui atteste de la qualité des prestations délivrées par les organismes de formation. Déjà obligatoire pour accéder à certains financements publics, cette certification fera désormais l’objet d’un renforcement du contrôle des auditeurs et des processus d’accréditation.

L’objectif est double :
- s’assurer que les audits réalisés soient homogènes et rigoureux sur l’ensemble du territoire ;
- empêcher que des structures peu scrupuleuses contournent les règles en obtenant de faux certificats.
Ces ajustements devraient permettre une amélioration continue du niveau de qualité, selon Karine Desroses :
« Ce que l’on constate déjà, c’est une montée en vigilance bénéfique à tout l’écosystème. Les contrôles incitent les organismes à se professionnaliser et à offrir de meilleures formations. »
Un enjeu de confiance et de crédibilité
La lutte contre la fraude dépasse la seule question budgétaire. Elle vise aussi à restaurer la confiance entre les apprenants, les employeurs et les acteurs institutionnels.
Un système de formation crédible est un levier stratégique pour la compétitivité des entreprises et l’insertion durable des actifs.
En clarifiant les règles du jeu et en valorisant la qualité, ce plan contribue à renforcer la légitimité de la formation professionnelle comme moteur de croissance et d’emploi.
Une politique à consolider
Si certains observateurs craignent que les changements politiques fragilisent la mise en œuvre du plan, le consensus autour de ses objectifs reste fort. Les acteurs régionaux, les partenaires sociaux et les professionnels de la formation y voient un pas indispensable vers une meilleure gouvernance du secteur.
L’avenir dira si cette politique de vigilance accrue portera pleinement ses fruits. Une chose est certaine : en replaçant la qualité, la transparence et la confiance au cœur du système, la France amorce une nouvelle étape dans la consolidation de son modèle de formation professionnelle.