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Marché des formations linguistiques : analyse des mutations récentes

Le marché des formations linguistiques connaît une profonde transformation en 2025, marquée par des consolidations d’acteurs, l’intégration accrue de l’intelligence artificielle (IA) et une évolution des attentes en B2B comme en B2C. Certains opérateurs historiques disparaissent, tandis que d’autres se réinventent pour répondre aux nouvelles exigences des entreprises et des apprenants.
Contents
1. Les grandes manœuvres du marché : faillites, rachats et mutations
1.1. La fin d’acteurs historiques
Plusieurs acteurs majeurs ont disparu ces dernières années :
- Berlitz France Licorne (BFL) : liquidation judiciaire en mai 2022, mettant fin à la présence française de ce géant historique.
- Télélangue : spécialiste de la formation à distance, liquidé en 2024 après des décennies d’activité.
Ces fermetures illustrent les difficultés d’adaptation des modèles traditionnels face à la digitalisation et à la concurrence accrue.
1.2. L’arrivée de nouveaux investisseurs
Le secteur attire toujours des capitaux extérieurs :
- Xynergy (groupe derrière Comme J’aime) a acquis Linguaphone fin 2022, marquant son entrée sur le marché linguistique.
- Groupe Monceau Education (GME) a racheté Élysées Langues fin 2023 pour renforcer son offre haut de gamme en présentiel.
1.3. Les consolidations et leurs défis
Certaines fusions peinent à trouver leur équilibre :
- Learnation (né en 2022 du rachat d’Educastream, 1to1PROGRESS et 7Speaking) a dû se recentrer sur le B2B après des difficultés opérationnelles.
- CPF-info, média du groupe, a cessé de publier un an après cette consolidation.
Ces exemples montrent que les regroupements ne garantissent pas toujours la rentabilité, surtout sans stratégie claire.
2. Les limites des applications mobiles d’apprentissage
2.1. Une efficacité professionnelle contestée
Des apps comme Duolingo (500M d’utilisateurs) ou Babbel sont critiquées pour :
- Un apprentissage superficiel : “C’est juste pour passer du temps sur l’appli, pas pour apprendre la langue” (TF1).
- Le manque d’interactions humaines, cruciales pour maîtriser une langue en contexte professionnel.
2.2. Un design addictif… mais peu formateur
Ces plateformes utilisent des mécanismes de gamification (notifications, streaks) pour fidéliser, mais :
- Elles privilégient l’engagement (ex. : la “chouette verte” de Duolingo) sur la progression réelle.
- Elles ne débouchent pas sur des certifications reconnues (TOEIC, LILATE), indispensables pour le CPF.
2.3. L’absence de reconnaissance institutionnelle
En France, les formations linguistiques éligibles au CPF doivent déboucher sur une certification inscrite au Répertoire de France Compétences. Or, les apps grand public :

- Ne proposent aucun diplôme valable en entreprise.
- Sont perçues comme du “loisir éducatif” plutôt que de la formation professionnelle.
3. Les stratégies gagnantes : certification, IA et diversification
3.1. Lingueo, un modèle intégré réussi
Pionnier de la visioconférence depuis 2007, Lingueo a su se différencier en :
- Créant sa propre certification : le LILATE (Live Language Test), reconnu par France Compétences.
- Développant des outils technologiques, comme l’E-LATE (évaluation linguistique par IA), en partenariat avec Luc Julia (expert IA).
3.2. L’IA au service de la personnalisation
L’E-LATE permet d’évaluer en 30 minutes les compétences d’un apprenant via :
- Des mises en situation professionnelles adaptatives.
- Une analyse des 4 compétences clés (compréhension/expression orale et écrite).
Cet outil répond aux attentes des DRH, qui cherchent des formations sur mesure et mesurables en termes de ROI.
3.3. La nécessité de maîtriser sa technologie
La réussite de Lingueo souligne un enjeu clé : les acteurs doivent contrôler leur chaîne de valeur.
- Les agrégateurs (revendeurs de solutions externes) peinent à se différencier.
- Les organismes intégrés (avec LMS propriétaire, certifications, IA) résistent mieux.
4. Perspectives et tendances pour 2025-2030
4.1. Une demande croissante de formations hybrides
Les entreprises veulent :
- Du présentiel pour les interactions humaines.
- Du digital pour la flexibilité (plateformes, IA, mobile).
4.2. L’essor des micro-certifications
Les badges numériques et certifications modulaires gagnent en importance pour :
- Valider des compétences précises (ex. : anglais commercial, espagnol technique).
- S’adapter aux besoins évolutifs des métiers.
4.3. La régulation accrue du CPF
Face aux abus passés, France Compétences renforce :
- Les critères d’éligibilité (formations certifiantes uniquement).
- Les contrôles sur la qualité pédagogique.
Conclusion
Le marché des formations linguistiques vit une mutation sans précédent, où seuls les acteurs agiles, technologiquement autonomes et certifiants survivront. Les applications grand public, bien que populaires, peinent à répondre aux besoins professionnels, tandis que les modèles hybrides (visio + IA + présentiel) s’imposent.
3 enseignements clés :
- Les fusions ne suffisent pas sans stratégie pédagogique solide.
- Les apps comme Duolingo sont utiles pour débuter, mais insuffisantes pour le monde pro.
- L’avenir appartient aux organismes certifiants capables d’intégrer l’IA et l’humain.