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Qualité du travail, qualité de l’emploi : la France face au miroir international

Alors que les débats sur la santé au travail, la précarité et la qualité de vie professionnelle se multiplient, une récente note de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) propose un regard comparatif inédit sur les politiques internationales en matière de qualité du travail et de l’emploi. L’objectif ? Identifier des pratiques inspirantes pour la France, à un moment où les attentes des salariés évoluent profondément.

La qualité de vie au travail, un levier encore sous-exploité

La première partie de cette note s’attarde sur un sujet devenu central : la prévention des risques en santé au travail et la qualité de vie au travail (QVT). L’IGAS observe que les pays qui combinent mesures réglementaires, outils techniques et programmes de sensibilisation obtiennent les meilleurs résultats. Autrement dit, la prévention efficace repose sur un équilibre entre contrainte et accompagnement.

Les risques liés au changement climatique sont également pointés du doigt, notamment ceux associés à la chaleur. Certains États ont déjà adopté des indices de stress thermique ou fixé des seuils de température maximale au-delà desquels le travail doit être adapté. À l’inverse, l’Union européenne n’a pas encore harmonisé ces pratiques, laissant à chaque pays la liberté – ou la responsabilité – de définir ses propres normes.

La santé des femmes au travail : des avancées à petits pas

Sur la question de la santé des femmes au travail, la France n’est pas seule à chercher ses marques. Aucun pays européen, souligne le rapport, n’a encore légiféré sur l’endométriose. L’Espagne fait figure d’exception depuis 2023 avec la création d’un congé menstruel, une mesure déjà en vigueur depuis plusieurs années dans certains pays d’Asie, comme le Japon, la Corée du Sud ou l’Indonésie.

La ménopause fait également l’objet de réflexions croissantes, mais les initiatives demeurent timides et souvent limitées à des recommandations non contraignantes. En France, la députée Stéphanie Rist a formulé, en avril 2025, dix propositions visant une meilleure prise en compte de la ménopause dans le monde du travail d’ici 2026. Parmi elles : une évolution de la visite de mi-carrière, la création d’un guide à destination des employeurs et la formation accrue des professionnels de santé.

Cependant, le rapport écarte l’idée d’un “congé ménopause”, redoutant plusieurs effets contre-productifs : risque de discrimination à l’embauche, coûts supplémentaires pour les entreprises, réticences des partenaires sociaux et enjeux liés à la confidentialité médicale. La question reste donc ouverte, mais les lignes commencent à bouger.

Un management français encore trop vertical

L’IGAS insiste sur un point majeur : la culture managériale joue un rôle déterminant dans la qualité du travail. Les études menées à l’international montrent qu’un management plus participatif améliore à la fois la performance économique et le bien-être des salariés.

En France, la culture de la hiérarchie demeure très marquée. Les entreprises continuent de fonctionner selon une logique de pilotage par les résultats, souvent au détriment du dialogue sur les conditions de travail. La reconnaissance professionnelle y est plus faible qu’ailleurs en Europe, et la formation des managers, trop académique, reste éloignée des réalités de terrain.

Pour l’IGAS, il est temps de faire évoluer les pratiques. Elle préconise de développer un management préventif et collaboratif, qui intègre la QVT dans les objectifs de performance, et de renforcer la formation des encadrants aux questions de santé, de communication et de bien-être au travail.

Sécuriser les parcours professionnels, un défi persistant

La seconde partie du rapport se penche sur la qualité de l’emploi et les politiques visant à sécuriser les trajectoires professionnelles. Malgré plusieurs réformes, la France reste en retrait par rapport à certains pays européens en matière de fluidité des parcours et de lutte contre la précarité.

Le compte personnel de formation (CPF), par exemple, constitue un outil pertinent mais son usage demeure inégal. L’IGAS plaide pour une meilleure coordination entre l’État, les entreprises et les partenaires sociaux afin de rendre les mobilités professionnelles plus accessibles et mieux financées.

Temps partiel et contrats courts : la précarité persiste

Autre constat préoccupant : le recours au temps partiel reste supérieur à la moyenne européenne, souvent subi plutôt que choisi. De même, les contrats courts et l’emploi précaire continuent de freiner la stabilité professionnelle.

L’IGAS appelle donc à limiter le recours à ces formes de travail fragiles et à renforcer les droits des salariés concernés, notamment en matière d’accès à la formation et à la protection sociale. Ces mesures visent à replacer la sécurité de l’emploi au cœur des politiques publiques, dans une logique de durabilité et d’équité.

Mobilité et logement : lever les freins à l’emploi durable

La mobilité géographique est un autre levier sous-exploité. Selon la note, les aides existantes pour favoriser la mobilité professionnelle restent peu visibles et insuffisamment financées. Or, les freins liés au logement, aux transports ou à la vie de famille constituent encore des obstacles majeurs à l’accès à un emploi durable.

L’IGAS recommande d’intégrer ces dimensions dans une approche plus globale du bien-être au travail, en articulant mieux les politiques d’emploi, de logement et de mobilité.

Une invitation à repenser le modèle français

À travers cette comparaison internationale, l’IGAS dresse un bilan nuancé : si la France dispose de nombreux dispositifs en matière de santé et de qualité de l’emploi, leur mise en œuvre reste perfectible. L’enjeu, désormais, n’est plus de multiplier les outils, mais de coordonner les politiques, d’impliquer davantage les entreprises et de placer la qualité du travail au centre des stratégies économiques.

Car au-delà des chiffres et des réglementations, la question posée par ce rapport est profondément humaine : quelle place voulons-nous donner au travail dans nos sociétés ?

À l’heure où les nouvelles générations revendiquent davantage de sens, d’équilibre et de reconnaissance, la qualité du travail n’est plus un luxe ni un concept abstrait. Elle est devenue un facteur clé de performance, d’attractivité et de cohésion sociale.

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