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Une mission d’évaluation des opérateurs de compétences laisse présager des mutualisations

L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a été chargée d’une mission d’évaluation portant sur l’organisation et le fonctionnement des onze opérateurs de compétences (Opco). Cette mission, confiée par Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail et de l’Emploi, intervient en amont des négociations de la future génération de contrats d’objectifs et de moyens entre les Opco et l’État. L’objectif affiché est de renforcer l’efficience de ces structures, mais la lettre de mission évoque également la possibilité de mutualisations, voire de fusions entre certains Opco.
Contents
Contexte et enjeux de la mission
Les Opco, créés en 2019 dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle, jouent un rôle central dans le financement et l’accompagnement des formations en entreprise. Ils sont chargés de collecter les contributions des employeurs, de financer les contrats d’apprentissage et de professionnalisation, et de soutenir les projets de formation des TPE et PME.
Cependant, depuis leur création, les Opco font face à des défis majeurs, notamment en termes de gouvernance, de transparence et d’efficacité. Certains acteurs du secteur pointent du doigt une complexité administrative, des coûts de fonctionnement élevés et des disparités entre les différents Opco. C’est dans ce contexte que l’Igas a été missionnée pour évaluer leur organisation et proposer des pistes d’amélioration.
La mutualisation au cœur des réflexions
La lettre de mission adressée à l’Igas met l’accent sur la recherche d’efficience et, surtout, sur la mutualisation des moyens entre les Opco. Cette orientation laisse présager des changements structurels majeurs, pouvant aller jusqu’à des fusions entre certains opérateurs.
La mutualisation pourrait se traduire par :
- Le regroupement de fonctions support : Les Opco pourraient partager des services communs, tels que la gestion administrative, la comptabilité ou les ressources humaines, afin de réduire les coûts de fonctionnement.
- La rationalisation des territoires d’intervention : Certains Opco pourraient fusionner pour couvrir des zones géographiques plus larges, évitant ainsi les doublons et optimisant les ressources.
- La création de plateformes communes : Les Opco pourraient mutualiser leurs outils numériques, leurs bases de données ou leurs dispositifs de formation pour améliorer l’efficacité et la cohérence de leurs actions.
Les risques de fusions
Si la mutualisation semble être une piste privilégiée, elle n’est pas sans risques. Les fusions entre Opco pourraient entraîner des perturbations temporaires dans la gestion des formations et des financements, notamment pour les entreprises et les apprentis. Par ailleurs, la réduction du nombre d’Opco pourrait limiter la diversité des approches et des expertises sectorielles, qui constituent l’une des forces du système actuel.
Cependant, ces fusions pourraient également apporter des avantages significatifs, tels qu’une meilleure coordination des actions, une simplification des démarches pour les entreprises et une réduction des coûts administratifs.
Les attentes des acteurs du secteur
Les conclusions de la mission de l’Igas sont attendues avec impatience par les acteurs de la formation professionnelle. Les organisations patronales, les syndicats de salariés et les organismes de formation espèrent que cette évaluation permettra de clarifier le rôle des Opco et de renforcer leur efficacité.
Parmi les attentes exprimées :
- Une meilleure transparence : Les Opco doivent rendre des comptes sur l’utilisation des fonds collectés et sur les résultats obtenus.
- Une simplification des procédures : Les entreprises, en particulier les TPE et PME, réclament des démarches administratives plus simples et plus rapides.
- Un renforcement de l’accompagnement : Les Opco doivent jouer un rôle plus actif dans l’identification des besoins en compétences et dans l’orientation des entreprises et des salariés.

Les implications pour les entreprises et les salariés
Les éventuelles mutualisations ou fusions entre Opco auront des répercussions directes sur les entreprises et les salariés. Voici ce qui pourrait changer :
- Pour les entreprises : Une mutualisation des Opco pourrait simplifier les démarches administratives et réduire les délais de traitement des demandes de financement. En revanche, les entreprises devront s’adapter à de nouvelles interfaces et à de nouveaux interlocuteurs.
- Pour les salariés : Les salariés pourraient bénéficier d’une offre de formation plus cohérente et mieux adaptée aux besoins du marché du travail. Cependant, les transitions entre les Opco pourraient entraîner des retards dans le financement des formations.
- Pour les organismes de formation : Les organismes de formation devront probablement revoir leurs partenariats avec les Opco et s’adapter à de nouvelles règles de financement.
Conclusion
La mission d’évaluation confiée à l’Igas marque une étape importante dans l’évolution des Opco. Alors que la recherche d’efficience et de mutualisation est au cœur des réflexions, des changements structurels majeurs, voire des fusions, semblent se profiler à l’horizon.
Ces évolutions pourraient permettre de renforcer l’efficacité des Opco et de mieux répondre aux besoins des entreprises et des salariés. Cependant, elles devront être menées avec précaution pour éviter les perturbations et garantir une transition harmonieuse.
Dans un contexte où la formation professionnelle est plus que jamais un enjeu clé pour l’emploi et la compétitivité, les conclusions de l’Igas et les décisions qui en découleront seront déterminantes pour l’avenir des Opco et, plus largement, du système de formation en France.