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Bilan et perspectives de la réforme de la formation professionnelle en France : Analyse approfondie et recommandations pour l’avenir

réforme de la formation professionnelle en France

En 2018, la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a introduit des changements profonds dans la formation professionnelle en France. Qu’il s’agisse de l’apprentissage, du Compte Personnel de Formation (CPF) ou de la reconversion, cette réforme a eu des impacts significatifs, tout en laissant des marges d’amélioration. Alain Druelles, fondateur de Quintet et ancien conseiller en charge de la formation professionnelle, propose une analyse détaillée des réussites et des points faibles de cette réforme, en identifiant les enjeux futurs.

Les réussites de la réforme de 2018

La réforme de 2018 se distingue par son approche systémique et ambitieuse. Elle a pris en compte plusieurs éléments clés tels que l’apprentissage, la certification, la qualité des formations, ainsi que la réorganisation des organismes paritaires collecteurs (OPCO). Cette démarche globale, bien que complexe, a permis d’obtenir des résultats rapides. Parmi ces succès, le développement spectaculaire de l’apprentissage est l’une des réussites les plus évidentes. Le nombre d’apprentis a triplé depuis la mise en place de la réforme, permettant une meilleure insertion professionnelle des jeunes et un changement de perception de cette voie, notamment dans l’enseignement supérieur.

L’apprentissage, autrefois perçu comme une voie secondaire, a aujourd’hui gagné en légitimité. De nombreux jeunes, en particulier dans les études supérieures, bénéficient de cette opportunité pour financer leurs études et obtenir des qualifications. Ce changement qualitatif et quantitatif marque un tournant important dans la politique d’éducation en France. La prime exceptionnelle introduite pendant la pandémie de Covid-19 a également joué un rôle crucial, en stimulant l’adhésion des entreprises et en soutenant les jeunes dans leur parcours de formation.

Le CPF, quant à lui, a également marqué un tournant. En offrant aux citoyens un accès facilité à la formation, il a contribué à démocratiser l’accès à des compétences essentielles. Grâce à l’application mobile CPF, la formation est désormais à portée de main pour tous les salariés, avec près de deux millions de personnes utilisant cet outil chaque année, un chiffre révélateur de l’engouement pour ce dispositif.

Les axes d’amélioration et les lacunes de la réforme

Malgré ces succès, la réforme de 2018 présente certaines limites. Le principal défi réside dans la mise en place d’un système efficace pour la reconversion professionnelle. Le dispositif de « transitions collectives », bien qu’ambitieux, a montré ses faiblesses, notamment en raison de sa complexité. Le besoin de faciliter la reconversion est d’autant plus pressant à l’heure où les discussions autour de l’amélioration de l’employabilité des séniors prennent de l’ampleur.

En outre, la formation des demandeurs d’emploi demeure un angle mort des réformes. Ce public, qui représente une population particulièrement vulnérable, bénéficie rarement d’une offre de formation adaptée à ses besoins. La complexité du système, avec ses nombreux intervenants et financements enchevêtrés, rend difficile l’accès à une formation de qualité pour ces individus. Le dispositif devrait être repensé pour offrir des parcours plus clairs et accessibles, afin de maximiser les chances de réinsertion professionnelle.

Le Compte Personnel de Formation : Avantages et limites

Le Compte Personnel de Formation a connu un grand succès grâce à sa simplicité d’utilisation. L’accessibilité qu’il offre, couplée à une digitalisation des démarches, a permis à de nombreux salariés d’acquérir de nouvelles compétences. Cependant, certaines critiques persistent. Le démarchage téléphonique abusif et les fraudes ont entaché la réputation du CPF, nécessitant des mesures de régulation. De plus, l’introduction du reste à charge pour certaines formations a créé une barrière pour les personnes aux revenus modestes, limitant ainsi leur accès à des qualifications professionnelles.

Un autre défi majeur concerne la qualité des formations financées par le CPF. Bien que certaines certifications soient très demandées, il est difficile de vérifier l’acquisition réelle de compétences pour des formations plus courtes ou moins réglementées. Cette question de la qualité est cruciale, car elle conditionne la progression professionnelle des bénéficiaires.

En outre, le CPF est souvent utilisé pour des formations à utilité immédiate, telles que les permis de conduire ou les certifications de sécurité (CACES). Cela montre que, si le dispositif répond à des besoins concrets, il pourrait être amélioré pour encourager des formations plus longues et orientées vers des compétences durables, permettant une véritable montée en compétence des travailleurs.

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Vers une amélioration du CPF : Co-investissement et évolution

Alain Druelles estime qu’une refonte complète du CPF n’est pas nécessaire, mais qu’une évolution de l’outil s’impose. Le co-investissement, c’est-à-dire la contribution conjointe des salariés, des employeurs et de l’État, est la prochaine étape logique pour renforcer l’efficacité du CPF. Aujourd’hui, après plus de cinq ans de recul, il est temps d’impliquer davantage les entreprises dans la formation de leurs salariés, tout en garantissant un cadre financier stable et des outils de suivi efficaces.

Le co-investissement permettra non seulement de répondre aux besoins croissants de développement des compétences dans un contexte de pénurie de talents, mais aussi de favoriser une meilleure adéquation entre les offres de formation et les besoins du marché du travail. Des accords entre branches professionnelles et entreprises existent déjà, mais ils doivent être renforcés et généralisés pour garantir un véritable impact sur l’économie.

Le financement de la formation professionnelle : un enjeu crucial

Le financement de la formation professionnelle reste une question délicate. En comparaison avec d’autres pays, la France se situe dans la moyenne en termes d’investissements, mais peine à se positionner parmi les leaders. Pour rester compétitive, la France doit augmenter ses investissements dans la formation et l’innovation. Cependant, ces efforts doivent être partagés entre l’État, les entreprises et les partenaires sociaux.

La forte croissance du nombre d’apprentis, par exemple, nécessite des ressources supplémentaires. Il est illusoire de croire que les résultats peuvent être maintenus avec des budgets constants. Il est donc impératif d’adapter les financements aux ambitions de la réforme et aux besoins des secteurs en pleine mutation. Le rôle des entreprises est également clé : elles doivent augmenter leur investissement dans la formation continue, tout en optimisant l’utilisation des fonds alloués.

Les enjeux de la formation professionnelle en 2024 et au-delà

En 2024, plusieurs tendances marquent le paysage de la formation professionnelle. Tout d’abord, une aspiration accrue à une meilleure qualité de vie au travail, exacerbée par la pandémie de Covid-19, pousse les salariés à rechercher plus de sens dans leur emploi. Le télétravail, la flexibilité et l’autonomie sont devenus des attentes clés, imposant aux entreprises de repenser leur organisation et leur stratégie de formation.

Ensuite, les transformations numériques, comme l’intelligence artificielle, et les défis environnementaux, notamment liés à la transition énergétique, sont des domaines en plein essor qui nécessitent des compétences spécifiques. Ces évolutions exigent une formation continue et adaptable, capable de répondre rapidement aux besoins du marché.

Priorités pour 2025 : Anticiper les mutations

L’année 2025 sera marquée par la nécessité de gérer les mutations du marché du travail, avec une attention particulière portée sur la montée en compétences des travailleurs dans des secteurs en transformation. Le soutien à l’innovation, l’investissement dans la formation, et la mise en place de politiques publiques cohérentes seront les clés pour garantir la compétitivité de la France sur la scène internationale.

En conclusion, la réforme de 2018 a posé des bases solides, mais elle nécessite encore des ajustements. Le CPF, l’apprentissage et la reconversion sont des leviers essentiels pour l’avenir du marché du travail. Toutefois, pour réussir cette transformation, un engagement conjoint de l’État, des entreprises et des partenaires sociaux est indispensable. La formation professionnelle doit rester une priorité nationale, avec des investissements à la hauteur des ambitions du pays.

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