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La mobilité des alternants : deux guides pratiques pour franchir le pas

En France, la mobilité internationale des alternants progresse timidement, mais reste encore bien en deçà de celle des étudiants de l’enseignement supérieur. Alors qu’un étudiant sur quatre bénéficie du programme Erasmus+, seuls 8 % des apprentis ont, à ce jour, l’opportunité de vivre une expérience professionnelle à l’étranger. Un écart qui témoigne des freins persistants : contraintes administratives, complexités juridiques, financements insuffisants ou encore manque d’information. Conscients de ces difficultés, les pouvoirs publics ont fixé un objectif clair d’ici 2027 : permettre à 10 % des alternants de partir à l’international. Pour y parvenir, le ministère du Travail a publié en 2025 deux guides pratiques destinés à accompagner les acteurs de cette mobilité. L’un est dédié aux employeurs, l’autre aux CFA et organismes de formation. Ces documents apportent un cadre concret pour encourager et sécuriser les parcours, tout en mettant en avant les bénéfices pédagogiques, professionnels et humains de l’expérience internationale.

Un levier stratégique pour les entreprises

Le premier guide, destiné aux employeurs, insiste sur leur rôle central dans la réussite des projets de mobilité. Les entreprises ne sont pas de simples spectateurs : elles constituent le moteur principal pour donner aux alternants l’opportunité d’acquérir une expérience à l’étranger.

Du point de vue de l’entreprise d’accueil, la mobilité est un véritable atout. Elle renforce l’attractivité de la structure, améliore son ouverture internationale et contribue à enrichir son image de marque. Pour l’alternant, les bénéfices sont multiples : autonomie, adaptabilité, acquisition de compétences transversales, sans oublier une meilleure compréhension des environnements multiculturels. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de huit apprentis sur dix affirment avoir développé de manière significative ces savoir-faire lors d’une expérience de mobilité.

Mais cette ouverture internationale ne peut pas se faire sans encadrement. Sur le plan juridique, deux options s’offrent aux employeurs : la mise à disposition, qui maintient le contrat de travail et la protection sociale en France, ou la mise en veille, qui transfère les droits et obligations au pays d’accueil. Dans les deux cas, une convention quadripartite fixe les règles : durée du séjour (limitée à la moitié du contrat d’apprentissage, sans dépasser un an), objectifs pédagogiques, responsabilités de chacun. Depuis 2024, la procédure a été simplifiée : l’organisme de formation ou l’employeur étranger n’a plus l’obligation systématique de signer la convention, tant que des garanties équivalentes existent.

Au-delà de l’aspect juridique, la question de la couverture sociale est centrale. Carte européenne d’assurance maladie, détachement, ou adhésion volontaire à une assurance hors UE : le guide détaille toutes les options pour sécuriser le parcours. Côté financement, plusieurs leviers existent : OPCO, Erasmus+, Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ), ProTandem, ou encore Office franco-québécois pour la Jeunesse (OFQJ). Ces dispositifs permettent de réduire les obstacles financiers, souvent cités comme le premier frein à un départ.

Les CFA et organismes de formation : des coordinateurs indispensables

Le second guide s’adresse aux CFA et organismes de formation. Ces structures jouent un rôle clé dans la réussite de la mobilité : elles sont à la fois accompagnateurs, coordinateurs et garants de l’intégration pédagogique de l’expérience internationale.

Depuis la loi du 5 septembre 2018, chaque CFA doit désigner un référent mobilité, chargé de conseiller les jeunes, de piloter les projets et d’assurer la cohérence entre la mobilité et le parcours de certification. Le guide rappelle que la convention quadripartite demeure obligatoire, mais qu’elle peut être simplifiée grâce à des accords de partenariat préexistants entre organismes.

Sur le plan financier, les CFA doivent anticiper et mobiliser toutes les aides disponibles : OPCO, Erasmus+, financements régionaux, OFAJ ou OFQJ. Leur rôle consiste aussi à rassurer les familles et les jeunes en clarifiant les démarches administratives : protection sociale, obtention de la carte européenne d’assurance maladie, déclaration du changement de statut de l’alternant, gestion du calendrier des examens.

Un autre point essentiel concerne la reconnaissance des acquis de la mobilité. Pour éviter qu’un séjour à l’étranger n’allonge inutilement la durée du parcours, les compétences acquises doivent être intégrées dans le référentiel de certification. Dans certains cas, elles peuvent même être évaluées directement à l’étranger avec l’accord du certificateur. Cette reconnaissance est indispensable pour valoriser pleinement l’expérience et en faire un tremplin vers l’emploi.

Un cadre opérationnel pour lever les freins

En publiant ces deux guides, le ministère du Travail apporte un cadre clair et pragmatique aux différents acteurs impliqués dans la mobilité internationale des alternants. L’objectif est double : lever les obstacles existants et sécuriser les parcours.

Pour les employeurs, il s’agit de mieux comprendre les avantages et les procédures, afin d’encourager leur implication. Pour les CFA, l’enjeu est d’accompagner les jeunes de bout en bout, en intégrant la mobilité dans leur parcours de formation et en facilitant l’accès aux financements.

Ces guides s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à rapprocher le modèle français de celui d’autres pays européens, comme l’Allemagne, où la mobilité en alternance est déjà mieux développée. En France, si les ambitions affichées pour 2027 sont atteignables, elles nécessitent une mobilisation collective : des entreprises prêtes à investir, des CFA organisés et des jeunes encouragés à franchir le pas.

Conclusion

La mobilité internationale des alternants représente bien plus qu’un simple séjour à l’étranger : c’est une expérience formatrice, valorisante et professionnalisante. Les deux guides publiés en 2025 offrent enfin aux acteurs concernés les outils nécessaires pour transformer cette ambition en réalité. En structurant les démarches juridiques et administratives, en clarifiant les financements et en valorisant les compétences acquises, ils ouvrent la voie à une nouvelle génération d’apprentis capables d’évoluer dans un contexte globalisé.

Si les freins restent réels, ces ressources pratiques devraient faciliter le développement de la mobilité et permettre d’atteindre l’objectif de 10 % fixé pour 2027. Pour les jeunes, c’est l’assurance de vivre une expérience enrichissante ; pour les entreprises, une opportunité de renforcer leur attractivité et leur ouverture internationale ; et pour le système de formation français, un pas décisif vers une meilleure intégration dans l’espace européen de l’éducation et de l’emploi.

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