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Qualiopi : les évolutions à venir pour le label qualité des formations

Le label Qualiopi, symbole de la qualité et de la transparence dans le domaine de la formation professionnelle, s’apprête à connaître d’importants ajustements. Au cœur du plan “Qualité et lutte contre la fraude dans la formation professionnelle”, présenté en juillet dernier, il figure parmi les dispositifs visés pour renforcer la fiabilité et la crédibilité du secteur. Ce plan, qui s’inscrit dans un contexte de vigilance accrue face aux dérives observées dans certains organismes de formation, entend faire de Qualiopi un outil de contrôle plus exigeant, mais aussi plus différencié selon les acteurs concernés.

Un label clé pour la qualité de la formation

Depuis sa mise en place, Qualiopi est devenu un passage obligé pour tous les organismes souhaitant bénéficier de financements publics ou mutualisés. Entrée en vigueur en 2022, la certification s’est imposée comme le référentiel national de qualité pour les prestataires de formation, les centres de bilan de compétences ou encore les accompagnateurs à la validation des acquis de l’expérience (VAE).

« Qualiopi a été appliquée dès le départ aux organismes de formation, car elle conditionne l’accès aux fonds publics », rappelle Alexa Rousseau, auditrice Qualiopi et fondatrice de la plateforme Veille Formation. L’objectif était clair : assainir le marché, clarifier l’offre et garantir aux apprenants que les formations suivies répondaient à des standards reconnus.

Cependant, l’application de la certification n’a pas été homogène. « L’enseignement supérieur, par exemple, y a été moins directement soumis, ce qui explique que le plan actuel vise désormais davantage ce secteur. Le contrôle concernera aussi bien le privé que les universités, dont près de 30 % font déjà l’objet de vérifications régulières », précise l’experte.

Le plan de lutte contre la fraude : un tournant pour Qualiopi

L’annonce du plan gouvernemental de lutte contre la fraude marque une nouvelle étape dans l’histoire du label. Si Qualiopi a permis de structurer le marché de la formation, certains abus ont persisté : usurpation de certification, déclarations fictives, formations de faible qualité ou non réalisées… Autant de dérives qui ont fragilisé la confiance des bénéficiaires et des financeurs publics.

Le plan prévoit donc un renforcement du contrôle qualité et une évolution du rôle de Qualiopi. Le label ne se limitera plus à un simple certificat administratif, mais deviendra un véritable outil de supervision et d’évaluation continue. Les auditeurs devraient disposer de marges de manœuvre plus larges pour adapter leurs contrôles aux typologies d’organismes : petites structures locales, centres de formation à distance, écoles privées ou universités publiques.

Cette nouvelle orientation vise à mieux cibler les pratiques à risque et à distinguer les prestataires rigoureux de ceux qui détournent le système. Pour les acteurs du secteur, cela signifie aussi une probable intensification des contrôles et une exigence accrue sur la traçabilité des actions de formation.

Vers une certification plus différenciée

Si l’objectif affiché est de renforcer la qualité, cette évolution soulève aussi des inquiétudes parmi les professionnels. Alexa Rousseau exprime une crainte partagée : celle de voir Qualiopi perdre de sa valeur symbolique et de son ambition initiale.

« À l’origine, Qualiopi devait devenir la certification unique garantissant la qualité des formations. Avant son instauration, il existait une multitude de labels et de référentiels, ce qui semait la confusion. L’idée était justement de simplifier le paysage et d’instaurer un socle commun, lisible et partagé », explique-t-elle.

Or, à la lecture du plan actuel, un changement de philosophie semble se dessiner. Les pouvoirs publics évoquent désormais la création de “cercles de confiance”, des vitesses d’audit variables et des appréciations différenciées selon les types d’organismes. En d’autres termes, Qualiopi pourrait évoluer vers une certification modulable, où le niveau d’exigence varierait en fonction du profil et du comportement antérieur de chaque structure.

Le risque d’une perte de lisibilité

Pour beaucoup d’acteurs, cette évolution comporte un risque majeur : celui de déprécier le label Qualiopi. S’il devient un simple socle minimal de conformité, il perdrait sa portée symbolique et sa fonction de repère unique dans le monde de la formation.

« Qualiopi risquerait alors de devenir une base commune minimale, alors qu’elle devait rester un standard élevé et exigeant », regrette Alexa Rousseau. « C’est cette forme de dégradation progressive qui inquiète la profession. »

Une telle transformation pourrait brouiller les repères des entreprises, des financeurs et des apprenants. Ces derniers se reposent sur le label pour choisir une formation de confiance, convaincus que l’audit garantit un niveau homogène de qualité. Si les critères deviennent variables, la lecture du label pourrait devenir plus complexe et moins fiable.

Maintenir la confiance et la transparence

Pour autant, les autorités insistent sur le fait que ces ajustements ne visent pas à assouplir les exigences, mais à renforcer la cohérence et la pertinence des contrôles. En distinguant les établissements selon leur taille, leur historique et leur secteur d’activité, l’objectif est d’alléger la charge administrative des structures exemplaires tout en concentrant les moyens sur les organismes à risque.

Un équilibre délicat reste toutefois à trouver : maintenir une exigence de qualité uniforme sans freiner l’innovation ni pénaliser les petites structures. Pour les auditeurs et organismes de formation, la clé résidera dans la transparence et la traçabilité des actions menées.

Qualiopi, un label à préserver

Trois ans après sa généralisation, Qualiopi a profondément transformé le paysage de la formation professionnelle. Il a favorisé la montée en qualité, professionnalisé les acteurs et rétabli une certaine confiance entre les financeurs et les organismes. Mais le label est aujourd’hui à un tournant stratégique : comment renforcer la lutte contre la fraude sans diluer l’unicité et la valeur de la certification ?

Pour les professionnels du secteur, la réponse se trouve sans doute dans une évolution mesurée, fondée sur le dialogue et la concertation. Préserver la force de Qualiopi, c’est garantir à long terme un système de formation crédible, exigeant et équitable.

Comme le résume Alexa Rousseau, « la qualité ne se décrète pas, elle se construit dans la durée. Qualiopi a permis d’instaurer cette culture de la rigueur. Il serait dommage qu’elle se transforme en simple formalité administrative. »

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