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Vers une plus grande liberté d’utilisation des fonds CPF : une proposition audacieuse pour moderniser la formation et l’épargne des salariés
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Vers une plus grande liberté d’utilisation des fonds CPF : une proposition audacieuse pour moderniser la formation et l’épargne des salariés

Dans un contexte économique et social en constante évolution, la question de la gestion du Compte Personnel de Formation (CPF) revient régulièrement au cœur des débats. Le dispositif, conçu pour permettre aux salariés de développer leurs compétences tout au long de leur vie professionnelle, a suscité un vif intérêt… mais aussi de nombreuses critiques. Face aux limites actuelles du système, Jean-Luc Personnaz propose une réforme ambitieuse : élargir les possibilités d’utilisation des fonds CPF au-delà de la seule formation professionnelle.
Contents
- 1 Une demande de réforme portée devant l’Assemblée nationale
- 2 Un système actuel jugé trop rigide et inégalitaire
- 3 Vers une gestion responsabilisée des fonds par les salariés
- 4 CPF et retraite : une articulation pertinente
- 5 Une mesure controversée, mais en phase avec les évolutions du travail
- 6 Conclusion : vers un CPF multifonctionnel, au service de l’individu
Une demande de réforme portée devant l’Assemblée nationale
Dans une proposition adressée à l’Assemblée nationale en août 2025, Jean-Luc Personnaz plaide en faveur d’une loi instaurant une liberté totale dans la gestion des droits CPF. L’objectif ? Permettre aux salariés d’utiliser leur solde disponible non seulement pour financer des formations, mais également pour accéder à d’autres types d’investissements ou de placements, voire pour récupérer directement les montants sous forme de remboursement.
Concrètement, cette réforme ouvrirait la voie à trois usages innovants des fonds CPF :
- Le remboursement direct au salarié, s’il ne souhaite ou ne peut suivre de formation ;
- L’investissement dans des supports financiers tels que des actions, des fonds éthiques, durables ou d’autres instruments reconnus par les autorités financières ;
- La conversion du CPF en capital retraite, via un mécanisme de transfert vers des plans d’épargne retraite (PER) ou des dispositifs similaires.
Un système actuel jugé trop rigide et inégalitaire
Le CPF, dans sa forme actuelle, s’appuie sur une logique simple : chaque actif cumule des droits en euros (500 € par an en moyenne) qu’il peut mobiliser pour suivre une formation certifiante. Si cette orientation vers la montée en compétence est pertinente, elle se heurte à plusieurs limites.
D’abord, tous les salariés n’ont pas les mêmes besoins en formation, ni le même accès aux organismes ou contenus. Certains, notamment dans les TPE ou en milieu rural, ne peuvent pas profiter pleinement de leur CPF, faute d’offres adaptées ou de disponibilités. Résultat : des milliers d’euros dorment sur les comptes sans être utilisés, générant un sentiment d’injustice.
Ensuite, la complexité administrative et la multiplication des fraudes ont terni l’image du dispositif. Des arnaques à répétition, des démarchages téléphoniques agressifs, et une surveillance insuffisante ont poussé le gouvernement à durcir les conditions d’usage en 2023, au risque de le rendre moins attractif.
Vers une gestion responsabilisée des fonds par les salariés
La proposition de Jean-Luc Personnaz vise donc à redonner du sens et de la liberté aux bénéficiaires du CPF, tout en renforçant leur autonomie financière. Selon lui, autoriser les salariés à récupérer ou à réinvestir leurs droits dans des supports financiers reconnus aurait plusieurs effets positifs :
- Récompenser les salariés vertueux, qui n’ont pas besoin de formation mais souhaitent valoriser leur solde disponible ;
- Stimuler l’économie, par une réinjection des fonds dans la consommation, l’épargne ou l’investissement responsable ;
- Lutter contre la fraude, en réduisant les circuits opaques et les inscriptions factices à des formations fictives ;
- Accroître la confiance des salariés envers un dispositif devenu trop technocratique et standardisé.
Ce changement de paradigme reposerait sur une gestion encadrée, via des plateformes sécurisées, en lien avec les institutions financières habilitées, et sous la supervision des autorités publiques.

CPF et retraite : une articulation pertinente
Une des dimensions les plus innovantes de la proposition est la possibilité de transformer les droits CPF en parts de retraite complémentaire. Cette approche répond à une double problématique :
- Le vieillissement de la population, qui impose de nouvelles stratégies d’épargne individuelle ;
- La nécessité de donner un second souffle au CPF, en l’ouvrant à des logiques de prévoyance et de long terme.
Plutôt que de voir les droits inutilisés s’accumuler ou s’éteindre, cette option offrirait un bénéfice concret et différé aux salariés, notamment les plus proches de la fin de carrière. Cela permettrait également aux entreprises de valoriser autrement leur politique sociale, en proposant des mécanismes de conversion CPF-Épargne Retraite dans leurs accords collectifs.
Une mesure controversée, mais en phase avec les évolutions du travail
Bien entendu, cette vision ne fait pas l’unanimité. Certains syndicats pourraient y voir une dérive vers la financiarisation d’un outil public au service de la formation. D’autres alertent sur le risque de détourner le CPF de sa mission première : la montée en compétence.
Cependant, cette proposition s’inscrit dans une tendance plus large : celle de l’individualisation croissante des parcours professionnels, et du besoin d’adapter les outils sociaux aux aspirations nouvelles des actifs. Dans un monde du travail de plus en plus éclaté, flexible, et numérique, le CPF ne peut rester figé dans un modèle unique.
Conclusion : vers un CPF multifonctionnel, au service de l’individu
La proposition portée par Jean-Luc Personnaz ouvre une réflexion salutaire : et si le CPF devenait un outil polyvalent au service de la formation, de l’épargne et de l’investissement ? En combinant liberté d’utilisation, encadrement sécurisé, et options de valorisation long terme, cette réforme pourrait bien redonner du souffle à un dispositif essentiel… mais aujourd’hui à bout de souffle pour certains.
À condition, bien sûr, de maintenir une priorité à la formation tout en offrant aux salariés des choix éclairés et responsables. Une modernisation du CPF, en somme, à l’image du XXIe siècle : plus agile, plus souple, et plus connecté aux réalités économiques et sociales.