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Pour une formation professionnelle émancipatrice et accessible à toutes et tous

Contents
- 1 Une formation professionnelle, un droit fondamental à préserver
- 2 Une vision réduite de la formation : employabilité contre émancipation
- 3 La Loi de 2018 : un tournant libéral profond
- 4 France Compétences : recentralisation et déséquilibre
- 5 Un financement déséquilibré et insuffisant
- 6 Repenser la formation pour plus de justice sociale
- 7 Conclusion : une formation au service de l’émancipation
Une formation professionnelle, un droit fondamental à préserver
La formation professionnelle, qu’elle soit initiale ou continue, est au cœur du projet républicain. Inscrite dans le Préambule de la Constitution de 1946, elle est reconnue comme un droit essentiel, garantissant à chaque individu – enfant ou adulte – un égal accès au savoir, aux compétences et à la culture. Elle constitue également, selon le texte fondateur, un principe politique, économique et social particulièrement nécessaire à notre époque.
Pourtant, depuis plusieurs années, une série de réformes – notamment la Loi « pour la Liberté de Choisir son Avenir Professionnel », la transformation de la voie professionnelle, ou encore le projet Macron-Grandjean sur les lycées professionnels – ont profondément bouleversé ce droit. Ces réformes, inspirées des orientations libérales de la stratégie de Lisbonne, visent une marchandisation croissante de la formation. En prônant la privatisation et la mise en concurrence, elles ont contribué à creuser les inégalités et à réduire la formation à un simple outil d’insertion rapide sur le marché de l’emploi.
Une vision réduite de la formation : employabilité contre émancipation
Pour la FERC-CGT, limiter la finalité de la formation professionnelle à l’adaptation à un poste ou au retour à l’emploi est une erreur. Une telle logique néglige les réalités du marché du travail : précarité, métiers pénibles, absence de créations d’emplois de qualité. La formation professionnelle doit avant tout être un levier d’émancipation, permettant à chacun·e de se construire, de comprendre le monde et d’y agir avec conscience.
Cette vision émancipatrice devient d’autant plus urgente dans un contexte de transformation écologique et sociale. Les mutations de nos systèmes de production, portées par les défis environnementaux et les nouvelles exigences de durabilité, nécessitent des reconversions massives, de nouvelles qualifications et un investissement historique dans la formation pour garantir une transition juste et équitable.
La Loi de 2018 : un tournant libéral profond
Adoptée en 2018, la Loi « pour la Liberté de Choisir son Avenir Professionnel » a été un véritable bouleversement pour la formation professionnelle. Elle repose sur une logique ultra-libérale, déplaçant la responsabilité de l’employabilité sur les individus : chacun·e doit désormais se former en autonomie, sans véritable accompagnement, ni sécurisation de son parcours.
Cette loi a également fragilisé l’organisation de l’apprentissage. En concentrant les pouvoirs dans les mains d’un nouvel organisme – France Compétences – l’État a recentralisé et contrôlé le pilotage de la formation, affaiblissant les instances paritaires existantes et marginalisant les organisations syndicales.
France Compétences : recentralisation et déséquilibre
Créée comme bras armé de la réforme, France Compétences regroupe des représentants de l’État, des régions, des employeurs et des syndicats. En réalité, l’État conserve la main, notamment à travers la nomination des personnalités qualifiées. Cette structure, dotée de prérogatives importantes, pilote la certification professionnelle et impose un fonctionnement très encadré, comme en témoigne l’obligation pour les établissements d’enseignement supérieur d’obtenir une certification France Compétences avant toute accréditation.
Autre conséquence : la refonte des Commissions Professionnelles Consultatives (CPC), qui a exclu les représentants des personnels de l’Éducation nationale, de la Santé, de la Jeunesse et Sports ou encore de la Culture. La FERC-CGT dénonce cette éviction injustifiée des professionnel·les ayant une expertise pédagogique et revendique leur réintégration dans les discussions sur les diplômes.
Un financement déséquilibré et insuffisant
Les réformes n’ont pas seulement bouleversé l’organisation : elles ont aussi affaibli le financement de la formation. La contribution des entreprises a été réduite de 1,6% à 1% de la masse salariale dès 2014, limitant les ressources disponibles. La loi de 2018 a introduit une « contribution unique » orientée à 87% vers les contrats d’apprentissage et de professionnalisation, marginalisant le financement des équipements des lycées professionnels.

De plus, le système de « financement au contrat », qui fonctionne comme une tarification à l’acte, fragilise les petits CFA, déjà sous pression. Le déficit structurel de France Compétences, amplifié par des aides massives aux entreprises, a conduit à des baisses de prise en charge (NPEC) et à la fermeture de certaines formations, y compris dans des secteurs en tension.
Face à ces constats alarmants, la FERC-CGT porte plusieurs revendications claires :
- Abrogation de France Compétences, ou à défaut, que les organisations de salarié·es y disposent de la majorité des voix.
- Suppression des aides aux entreprises pour l’embauche d’apprenti·es, afin de réorienter ces financements vers l’amélioration de la formation initiale.
- Révision à la hausse du financement de la formation professionnelle, avec un objectif de 2% de la masse salariale.
- Sortir la formation de la logique marchande, pour la replacer au cœur du service public.
Conclusion : une formation au service de l’émancipation
La formation professionnelle ne peut être un simple outil de compétitivité économique. Elle est un droit fondamental, un levier d’égalité, un vecteur d’émancipation individuelle et collective. Pour faire face aux défis sociaux, environnementaux et économiques de demain, il est indispensable de repenser en profondeur notre système de formation, en le recentrant sur l’intérêt général et la justice sociale.
La FERC-CGT appelle à une mobilisation large pour reconstruire une formation professionnelle publique, gratuite, émancipatrice et accessible à toutes et tous.