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Le secteur du BTP, qui représente à lui seul environ 8 % du PIB français, est aujourd’hui au cœur des préoccupations environnementales. Enjeu majeur du XXIe siècle, la transition écologique et énergétique (TEE) transforme progressivement les pratiques dans tous les secteurs d’activité. Mais qu’en est-il dans le bâtiment et les travaux publics ? Comment cette transformation est-elle perçue et intégrée par les entreprises, en particulier les plus petites ? Et quel rôle la formation professionnelle peut-elle jouer pour accompagner cette mutation ? Autant de questions soulevées lors du colloque organisé par l’Opco EP à La Rochelle le 14 mai dernier, consacré aux enjeux de la TEE pour les entreprises dites « de proximité ».
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Des écarts de perception selon la taille des entreprises
L’une des grandes leçons de ce colloque est que la transition écologique ne se vit pas de la même manière selon la taille des entreprises. Les grands groupes du BTP, comme Vinci ou Bouygues, y voient un levier de croissance, une opportunité stratégique pour innover, se démarquer et répondre aux nouvelles attentes du marché et des pouvoirs publics. À l’inverse, pour les très petites entreprises (TPE), qui constituent pourtant l’essentiel du tissu entrepreneurial du BTP, la situation est bien plus complexe.
Comme l’a souligné Sébastien Bouleau, directeur général de Constructys, l’opérateur de compétences du secteur, la TEE « est plus compliquée à mettre en œuvre à l’échelle des TPE ». La structure réduite de ces entreprises rend leur transformation plus ardue. En effet, avec des effectifs très limités, souvent entre un et cinq salariés, elles doivent cumuler l’ensemble des compétences nécessaires à leur activité : suivre l’évolution des normes environnementales, intégrer de nouvelles pratiques, se former, sensibiliser leurs clients, tout en assurant la continuité de leur production.
Des démarches administratives trop lourdes pour les TPE
À cette complexité opérationnelle s’ajoute un autre frein majeur : la lourdeur administrative et la complexité des dispositifs de soutien à la formation ou à la transition écologique. Les TPE, souvent éloignées des grands réseaux institutionnels, peinent à s’y retrouver dans la multitude d’aides disponibles et dans les exigences bureaucratiques qui y sont liées. Résultat : malgré leur bonne volonté, de nombreuses entreprises renoncent à s’engager pleinement dans la TEE, faute de moyens humains et financiers.
Cette situation inquiète les experts du secteur, car elle risque de creuser les inégalités entre les grandes structures du BTP et les plus petites, qui forment pourtant le socle de l’activité locale. En milieu rural comme en zone urbaine, les TPE assurent une grande part des travaux du quotidien – rénovation, dépannage, petits chantiers – et leur capacité à intégrer les exigences écologiques conditionne en partie le succès de la transition à l’échelle nationale.
Former pour accélérer la transition écologique
Face à ce constat, la formation professionnelle apparaît comme un levier essentiel pour accompagner les TPE dans leur adaptation. Encore faut-il que cette offre soit structurée, lisible et accessible. Le colloque de La Rochelle a justement mis en lumière le manque de coordination actuelle dans l’offre de formation liée à la TEE. Les formations existent, mais elles sont éparpillées, peu visibles, souvent peu adaptées aux contraintes spécifiques des très petites structures.
Selon les intervenants, il est urgent de mieux cibler les besoins des TPE, tant sur le plan des contenus que sur celui des formats pédagogiques. Des formations courtes, opérationnelles, accessibles en ligne ou en mobilité, seraient plus susceptibles d’être suivies. Il s’agit de concevoir des parcours capables de répondre à la réalité du terrain, tout en favorisant la montée en compétences des artisans, ouvriers et dirigeants de petites entreprises.
Articuler écologie, proximité et emploi local
La transition écologique ne concerne pas uniquement les pratiques professionnelles. Elle engage aussi une transformation plus profonde des valeurs et des priorités économiques. À ce titre, les entreprises dites « de proximité » jouent un rôle central. Elles incarnent une économie ancrée dans les territoires, soucieuse de ses impacts sociaux et environnementaux. Dans le BTP, leur mobilisation pour la TEE est donc stratégique.
Cela suppose cependant un accompagnement plus fort, à la fois en matière d’ingénierie de formation, de financement et d’incitation. La puissance publique, les collectivités territoriales, les opérateurs de compétences et les branches professionnelles doivent travailler de concert pour bâtir une offre de formation structurée, coordonnée et incitative. Car si les TPE du BTP sont nombreuses à vouloir faire évoluer leurs pratiques, elles ne peuvent le faire seules.
Un enjeu stratégique pour le climat et l’emploi
L’avenir de la transition écologique dans le BTP ne se joue pas uniquement dans les laboratoires de recherche ou les sièges des grands groupes. Il se joue aussi – et surtout – sur les chantiers du quotidien, dans les entreprises locales, auprès des artisans et des petites équipes. Or, ces acteurs sont aujourd’hui les moins outillés pour affronter la complexité des transitions en cours.
Le risque, à terme, est double : ralentir l’ambition climatique de la France en matière de rénovation énergétique des bâtiments, et fragiliser les petites entreprises, qui représentent pourtant un vivier d’emplois non délocalisables. L’un des grands enjeux des prochaines années sera donc de réconcilier transition écologique et proximité économique, en dotant les TPE du BTP des outils, compétences et formations nécessaires à leur mutation.