Apprentissage dans le secteur de la santé : une croissance maîtrisée en 2024 selon l’Opco Santé

Le secteur de la santé est en perpétuelle mutation, porté par des besoins croissants en compétences et en professionnels qualifiés. L’Opco Santé, opérateur de compétences dédié aux métiers de la santé, du médico-social et du social, vient de publier son rapport d’activité pour l’année 2024. Ce document met en lumière les tendances de l’alternance dans le secteur, entre stabilité de l’apprentissage, déclin des contrats de professionnalisation et montée en puissance de dispositifs tels que la reconversion ou la promotion par l’alternance (Pro-A).

Une progression modérée de l’apprentissage : +2,4 %

Selon le rapport publié le 8 avril 2025, le nombre de contrats d’apprentissage enregistrés en 2024 s’élève à 14 666, représentant une légère augmentation de 2,4 % par rapport à l’année précédente. Ce chiffre confirme une forme de stabilisation de la dynamique de l’apprentissage, après plusieurs années de forte croissance, notamment impulsée par les politiques publiques favorables et les aides à l’embauche.

L’apprentissage reste un levier central de professionnalisation dans le secteur sanitaire et médico-social. Il permet aux jeunes d’acquérir une qualification reconnue tout en s’immergeant dans la réalité du terrain. Cette légère hausse témoigne d’une appétence toujours présente pour ce type de contrat, malgré un contexte économique et réglementaire en évolution.

Des secteurs en tension mais porteurs pour l’alternance

L’Opco Santé observe que certains domaines concentrent l’essentiel des contrats d’apprentissage. Les établissements de soins, les maisons de retraite, les services à domicile, ainsi que les structures associatives accueillant des publics fragiles restent les principaux employeurs d’apprentis. Les métiers ciblés sont variés : aides-soignants, accompagnants éducatifs et sociaux, infirmiers, mais aussi fonctions supports comme la gestion, les ressources humaines ou encore l’informatique de santé.

Dans un contexte où les tensions de recrutement sont particulièrement vives, notamment dans les métiers du soin, le recours à l’alternance apparaît comme une stratégie de long terme pour sécuriser les parcours professionnels et fidéliser les jeunes talents.

Le recul continu des contrats de professionnalisation : -14,6 %

À l’inverse, les contrats de professionnalisation connaissent une baisse significative. En 2024, seuls 1 901 bénéficiaires ont été enregistrés par l’Opco Santé, soit une chute de 14,6 % par rapport à l’année précédente.

Ce déclin s’inscrit dans une tendance nationale : les entreprises ont de plus en plus tendance à privilégier le contrat d’apprentissage, mieux financé et plus valorisé dans les politiques publiques récentes. De plus, le contrat de professionnalisation reste souvent perçu comme un outil moins adapté aux jeunes, et davantage utilisé pour la reconversion ou la montée en compétence de profils plus expérimentés.

Pro-A : une alternative en plein essor pour les salariés

Parallèlement, l’Opco Santé souligne une dynamique encourageante autour de la reconversion ou promotion par l’alternance, dite Pro-A. En 2024, 2 150 actifs ont bénéficié de ce dispositif, ce qui représente une hausse de 13,7 %.

La Pro-A permet à des salariés en poste, souvent peu qualifiés, d’accéder à une montée en compétences ou à une reconversion vers des métiers en tension, tout en conservant leur contrat de travail. Pour les employeurs du secteur de la santé, il s’agit d’un outil stratégique pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée sans nécessairement recruter en externe.

Les profils les plus concernés par la Pro-A sont les aides à domicile, les agents de service hospitalier ou encore les assistants de vie, qui peuvent ainsi évoluer vers des fonctions plus techniques ou prendre davantage de responsabilités.

Des disparités régionales et structurelles

Si la tendance générale est à la modération, le rapport met également en évidence de fortes disparités territoriales. Certaines régions affichent une croissance marquée de l’apprentissage, notamment en Île-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes et dans les Hauts-de-France. D’autres, en revanche, peinent à maintenir leur niveau d’activité, faute de structures d’accueil ou de CFA adaptés.

Les établissements de taille importante (hôpitaux, groupes privés, grandes associations) sont mieux outillés pour intégrer des alternants et mobiliser les dispositifs de financement. À l’inverse, les structures de petite taille, souvent en zone rurale, rencontrent plus de difficultés à mettre en place des parcours d’alternance efficaces.

Le rôle stratégique de l’Opco Santé dans l’accompagnement

Dans ce paysage contrasté, l’Opco Santé joue un rôle essentiel d’accompagnement. Il soutient les entreprises dans le montage des dossiers, le financement des formations, et l’identification des partenaires pédagogiques. En 2024, il a renforcé ses actions de proximité auprès des structures employeuses, notamment via des conseillers dédiés à l’alternance et la promotion des métiers du soin.

L’Opco développe également des outils numériques pour faciliter la gestion des contrats et la relation entre entreprises, organismes de formation et apprentis. Ce soutien technique est particulièrement crucial pour les TPE-PME qui manquent de ressources administratives.

Vers une meilleure valorisation des parcours professionnels

Au-delà des chiffres, ce rapport met en avant une volonté de mieux valoriser les parcours professionnels dans le secteur de la santé. Les dispositifs comme la Pro-A s’intègrent dans une logique de formation tout au long de la vie, essentielle pour un secteur en perpétuelle mutation.

Avec les évolutions technologiques, la transformation des pratiques de soins, ou encore les nouvelles attentes des usagers, les métiers de la santé évoluent rapidement. L’alternance, qu’elle concerne des jeunes ou des adultes, devient un vecteur d’adaptabilité et d’innovation, en lien avec les besoins réels du terrain.

L’apprentissage : un levier de réponse aux défis du secteur

Malgré un ralentissement de sa progression, l’apprentissage reste un outil clé pour répondre aux enjeux du secteur santé. Il contribue à renouveler les effectifs, à sécuriser les recrutements et à transmettre les savoir-faire spécifiques aux métiers de la relation humaine.

Toutefois, pour que ce modèle soit durable, il est nécessaire de maintenir un accompagnement fort des employeurs, une offre de formation de qualité, et une reconnaissance accrue des métiers issus de l’alternance. L’avenir de la santé passe aussi par une politique ambitieuse de formation et de gestion des compétences.

Enjeux 2025 : consolidation, innovation et attractivité

L’année 2025 sera probablement marquée par la consolidation des dispositifs existants, mais aussi par des expérimentations. Le secteur santé cherche à développer de nouvelles formes d’alternance, comme l’alternance inversée (d’abord en entreprise, puis en centre de formation), ou encore des parcours de formation hybride intégrant davantage le numérique.

L’enjeu est également celui de l’attractivité des métiers du soin, souvent perçus comme exigeants voire pénibles. L’alternance doit jouer un rôle dans la réhabilitation de ces professions : en permettant de les découvrir en conditions réelles, en valorisant les savoir-être, et en offrant des perspectives d’évolution concrètes.

Conclusion : Une dynamique à surveiller de près

Le rapport 2024 de l’Opco Santé montre un secteur en mutation, où l’alternance reste un pilier de la montée en compétence. Si l’apprentissage marque une progression modeste, c’est parce qu’il atteint un palier naturel après plusieurs années de croissance exceptionnelle. À l’inverse, le dispositif Pro-A s’affirme comme un levier stratégique pour les salariés en poste. L’enjeu pour les années à venir est clair : consolider ces dynamiques, mieux accompagner les employeurs, et répondre aux défis d’un secteur essentiel à la cohésion sociale.