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CPF et permis de conduire : vers une révolution dans le financement de la mobilité des jeunes ?

Dans un contexte où la mobilité conditionne l’accès à l’emploi et à l’autonomie, le permis de conduire devient un véritable enjeu sociétal. Pourtant, son coût ne cesse de grimper, rendant l’obtention de ce sésame de plus en plus difficile pour une partie de la jeunesse française. Face à cette problématique croissante, une proposition innovante portée par Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et candidat à la présidence du parti Les Républicains, pourrait bien changer la donne. L’idée : autoriser les parents à utiliser leur Compte Personnel de Formation (CPF) pour financer le permis de conduire de leurs enfants.

Un coût de plus en plus prohibitif

En 2025, le tarif moyen pour obtenir le permis de conduire en France oscille entre 1 500 et 2 000 euros. Dans certaines grandes villes comme Paris, cette somme peut même dépasser les 2 100 euros. À l’inverse, en zone rurale, elle reste légèrement inférieure, autour de 1 468 euros. Mais quelle que soit la région, ces montants représentent un véritable défi pour les familles, en particulier les plus modestes.

Selon une étude de l’Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire (INJEP), 85 % des jeunes candidats au permis bénéficient d’une aide parentale pour le financer. En moyenne, cette aide atteint 1 402 euros, ce qui constitue un effort conséquent pour des ménages déjà confrontés à l’inflation et à la précarité. Dans bien des cas, ce soutien parental implique de lourds sacrifices financiers.

Un levier crucial pour l’émancipation des jeunes

Mais le permis de conduire, ce n’est pas qu’un examen coûteux. Il s’agit d’un outil fondamental d’insertion sociale et professionnelle. Dans de nombreux secteurs, de la logistique à la santé en passant par l’artisanat, la mobilité est un critère essentiel à l’embauche. Et dans les zones rurales ou périurbaines, mal desservies par les transports en commun, il est souvent la seule solution pour rejoindre un emploi, un établissement de formation ou simplement mener une vie indépendante.

L’absence de permis peut alors se transformer en véritable frein à l’émancipation. De nombreux jeunes se retrouvent enfermés dans une spirale de dépendance, où le manque de mobilité empêche l’accès aux opportunités, renforçant leur isolement.

Le CPF : un trésor sous-exploité

Créé pour soutenir la formation professionnelle tout au long de la vie, le Compte Personnel de Formation permet à tout actif de cumuler chaque année entre 500 et 800 euros, dans la limite de 5 000 à 8 000 euros. Ces crédits peuvent être utilisés pour financer des formations qualifiantes, dont… le permis de conduire.

Mais dans les faits, de nombreux CPF restent inutilisés. La faute à un manque d’informations, à des démarches jugées complexes ou encore à l’absence de projet professionnel clair. Des milliards d’euros dorment ainsi sur ces comptes. Et c’est précisément cette manne que Laurent Wauquiez propose de mobiliser, sans grever davantage les finances publiques.

Sa proposition est simple : permettre aux parents d’utiliser leur CPF personnel pour aider leurs enfants à financer leur permis de conduire. Une mesure qu’il présente comme « à coût nul pour l’État », mais à fort impact social.

Une expérimentation régionale déjà en cours

Cette idée n’est pas sortie de nulle part. En tant que président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez a déjà mis en place plusieurs dispositifs pour faciliter l’accès au permis. Parmi eux, une aide forfaitaire de 150 euros destinée aux jeunes de 17 ans. Ce montant peut être complété par une aide supplémentaire de 200 à 500 euros, attribuée en échange d’une mission de service citoyen de 35 à 80 heures.

Cette approche fondée sur la réciprocité séduit : « Je n’aime pas quand c’est gratuit », explique-t-il dans une vidéo publiée par l’association 40 Millions d’automobilistes et relayée par Le Figaro. « On fait quelque chose pour toi, tu fais quelque chose pour la société. » C’est dans cet esprit que le dirigeant souhaite généraliser cette logique au niveau national.

Un soutien politique déjà amorcé

L’idée d’élargir l’usage du CPF au financement du permis pour les enfants a déjà trouvé un écho au Parlement. En mars 2023, le député de l’Indre, Nicolas Forissier (Les Républicains), avait tenté d’introduire un amendement en ce sens, finalement jugé irrecevable. Mais l’idée a fait son chemin : en novembre 2024, Virginie Duby-Muller, députée LR, a déposé une nouvelle proposition de loi pour concrétiser cette ambition.

En s’emparant à nouveau de ce sujet, Laurent Wauquiez remet au centre du débat un enjeu tangible, loin des polémiques abstraites. En liant un dispositif existant (le CPF) à une nécessité concrète (la mobilité des jeunes), il espère rallier une opinion publique largement favorable à ce type de réforme pratique.

Des perspectives encourageantes pour l’avenir

Si la mesure venait à être adoptée, ses retombées pourraient être significatives. D’une part, elle soulagerait les finances de nombreuses familles, en réaffectant une ressource déjà acquise mais peu exploitée. D’autre part, elle offrirait aux jeunes un meilleur accès à la mobilité, leur permettant d’élargir leur horizon professionnel et personnel.

Les auto-écoles pourraient également bénéficier d’un regain de fréquentation, notamment de la part de jeunes qui, jusque-là, renonçaient à passer leur permis faute de moyens. Une dynamique positive pourrait s’enclencher, à condition bien sûr que le dispositif soit encadré pour éviter les dérives et garantir une équité dans l’accès à ce financement parental du CPF.

Conclusion : vers un modèle plus solidaire du financement du permis ?

En proposant de permettre aux parents d’utiliser leur CPF pour financer le permis de leurs enfants, Laurent Wauquiez ouvre un nouveau chapitre dans la politique de mobilité. À la fois pragmatique, peu coûteuse pour l’État et porteuse d’espoir pour de nombreuses familles, cette réforme pourrait contribuer à réduire les inégalités d’accès à la mobilité et renforcer l’autonomie des jeunes générations.

Alors que les débats sur le pouvoir d’achat et les inégalités territoriales occupent le devant de la scène, cette proposition se distingue par sa simplicité et sa pertinence. Si elle aboutit, elle pourrait bien transformer en profondeur les modalités d’accès au permis de conduire pour les années à venir.

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