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CPF : Une Contribution en Hausse, mais une Dotation Figée

CPF : Une Contribution en Hausse, mais une Dotation Figée

Parmi les nombreux textes publiés dans le Journal Officiel du 2 janvier 2025 figure un arrêté qui suscite déjà de vives réactions : l’Arrêté du 26 décembre 2024 fixant le taux de participation obligatoire pour financer les formations éligibles au compte personnel de formation (CPF) pour l’année 2025.

Une Contribution Légèrement Revalorisée

Le texte stipule que, pour 2025, la contribution imposée aux titulaires d’un CPF est fixée à 102,23 euros, soit une hausse de 2,23 euros par rapport à l’année précédente. Ce montant, bien que modeste, reflète la volonté de l’État de renforcer l’autofinancement des formations dans un contexte budgétaire tendu.

Cependant, cette hausse symbolique soulève une question majeure : qu’en est-il de la dotation annuelle du CPF, fixée à 500 euros depuis 2018 ? À ce jour, aucune revalorisation n’est annoncée, ce qui suscite des critiques de la part des utilisateurs et des experts du secteur.

Une Dotation Qui Reste Stationnaire

Depuis sa mise en place, le CPF a permis à des millions de salariés et de demandeurs d’emploi d’accéder à des formations qualifiantes. Toutefois, la dotation annuelle de 500 euros, qui n’a pas évolué en près de sept ans, ne semble plus adaptée à la réalité du marché de la formation.

Le coût moyen des formations éligibles ayant considérablement augmenté, cette dotation est devenue insuffisante pour financer certains parcours, en particulier dans des domaines techniques ou spécialisés. « Aujourd’hui, une formation linguistique ou une certification informatique peut rapidement dépasser les 1 000 euros. Les titulaires doivent alors compléter la somme sur leurs propres deniers », explique un consultant en formation professionnelle.

Une Participation Qui Alourdit la Charge des Bénéficiaires

En augmentant légèrement la contribution des titulaires, l’État semble opter pour un mécanisme visant à responsabiliser les utilisateurs du CPF. Pourtant, cette mesure risque de freiner certains publics, notamment ceux disposant de revenus modestes, dans leur accès à la formation.

« Pour une personne au SMIC, devoir verser plus de 100 euros pour activer son CPF peut constituer un véritable obstacle », déplore une représentante d’un syndicat de salariés. Cette situation pourrait creuser davantage les inégalités d’accès à la formation, alors même que le CPF avait été conçu pour démocratiser cette dernière.

Une Situation Paradoxale

Cette décision intervient dans un contexte économique où la formation professionnelle est perçue comme un levier essentiel pour renforcer l’employabilité et accompagner les transitions professionnelles. Paradoxalement, au lieu d’encourager davantage les Français à se former, l’augmentation de la contribution pourrait produire l’effet inverse : un désengagement progressif des titulaires face à des coûts jugés trop élevés.

Un cadre du secteur de la formation pointe également un autre paradoxe : « Alors que le gouvernement met en avant l’importance de développer les compétences dans des secteurs stratégiques comme le numérique ou la transition écologique, il n’ajuste pas les moyens pour y parvenir. »

Un Budget National Sous Pression

Si l’État justifie cette mesure par le besoin de combler son déficit, elle reflète aussi les difficultés à financer un système qui a explosé en termes de demande. Depuis 2019, l’utilisation du CPF a connu une croissance exponentielle, soutenue par l’arrivée d’applications numériques facilitant l’accès aux offres de formation.

CPF : Une Contribution en Hausse, mais une Dotation Figée

Cependant, cette popularité a un coût : selon des données récentes, le CPF a représenté près de 2 milliards d’euros de dépenses en 2024, mettant à rude épreuve les finances publiques.

« L’État cherche manifestement à transférer une partie de la charge financière sur les utilisateurs pour réduire sa propre participation. Mais cela ne résout pas le problème de fond, à savoir la nécessité de repenser le modèle de financement », estime un économiste spécialisé en politique sociale.

Vers Une Réforme Plus Large ?

Face aux critiques, des voix s’élèvent pour demander une réforme plus globale du CPF. Plusieurs pistes sont évoquées :

  1. Revaloriser la dotation annuelle pour l’adapter aux coûts réels des formations, en prenant en compte l’inflation et les besoins émergents.
  2. Moduler la contribution des titulaires en fonction de leurs revenus, afin de préserver l’égalité d’accès pour les publics les plus fragiles.
  3. Encourager les entreprises à cofinancer davantage les formations, notamment dans le cadre de la formation continue pour leurs salariés.

« Il est impératif de trouver un équilibre entre l’autonomie des individus et la solidarité collective. Sinon, le CPF risque de devenir un outil réservé à une élite, ce qui serait contraire à son objectif initial », alerte un responsable d’organisme de formation.

Les Réactions des Acteurs de Terrain

Du côté des entreprises, les réactions sont mitigées. Certaines saluent l’idée de responsabiliser les utilisateurs, mais beaucoup regrettent l’absence d’incitations pour les employeurs. « Si on veut vraiment développer les compétences, il faut que les entreprises soient davantage impliquées, par exemple via des incitations fiscales pour cofinancer les formations », propose un DRH d’une grande entreprise.

Les syndicats, en revanche, se montrent plus critiques. Ils dénoncent une « privatisation progressive » de l’accès à la formation, avec une charge de plus en plus lourde pour les salariés.

Un Avenir Incertain

Alors que la formation tout au long de la vie devient un enjeu crucial dans un monde du travail en constante mutation, l’avenir du CPF reste incertain. Les mesures actuelles, bien que symboliques, soulèvent des interrogations sur la pérennité du système et son adéquation avec les besoins des usagers.

Pour beaucoup, cette hausse de la contribution apparaît comme une solution à court terme, insuffisante pour répondre aux défis structurels. « Si nous voulons que le CPF soit un levier de transformation professionnelle et non un simple outil de consommation, il faut revoir entièrement son fonctionnement », conclut un expert en politiques publiques.

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