Les formations financées par le CPF en 2023 : une baisse des prix en trompe-l’œil ?

En 2023, les formations financées via MonCompteFormation (MCF) ont représenté une dépense totale de 2,25 milliards d’euros, en baisse de 24,1 % par rapport à 2022. Cette diminution s’explique en partie par un recul du volume d’heures de formation (-15,3 %) et une baisse du prix horaire moyen apparent (-10,5 %). Cependant, cette évolution masque des dynamiques plus complexes, influencées par des changements réglementaires et une restructuration de l’offre de formation.

Cet article analyse les tendances des prix des formations CPF en 2023, en décryptant les facteurs structurels et conjoncturels qui ont marqué cette année.

1. Une baisse globale des dépenses de formation, mais des prix en hausse à caractéristiques constantes

1.1. Un recul marqué des dépenses en 2023

• Dépenses totales : 2,25 Md€ (contre 2,96 Md€ en 2022).
• Volume d’heures de formation : -15,3 % par rapport à 2022.
• Prix horaire moyen apparent : 25,5 € (contre 28,5 € en 2022), soit une baisse de 10,5 %.

Cette diminution fait suite à deux années de forte inflation des prix :

• +42 % entre 2020 et 2021 (effet du report des droits DIF).
• +27,7 % entre 2021 et 2022 (hausse de la demande post-Covid).

1.2. Une baisse en trompe-l’œil due à des effets de composition

Si l’on neutralise les changements dans la structure des formations (spécialités, durée, modalités), le prix moyen a augmenté de +3,1 % en 2023, dans la continuité des années précédentes :

• +3,2 % en 2022
• +4,3 % en 2021

Cette hausse modérée reflète une inflation sous-jacente du marché de la formation, masquée par des effets statistiques (moins de formations onéreuses souscrites).

2. Les facteurs expliquant la baisse apparente des prix

2.1. La régulation de l’offre de formation

Plusieurs mesures ont contribué à assainir le marché :

• Nettoyage du catalogue par France Compétences (fin 2021).
• Exclusion des formations ACRE non conformes (juin 2022).
• Authentification renforcée via FranceConnect+ (octobre 2022).

Ces réformes ont réduit le nombre de formations peu qualifiantes ou frauduleuses, souvent proposées à des tarifs élevés.

2.2. Le recul des formations les plus chères

Les spécialités dont la part de marché a le plus baissé en 2023 sont aussi celles aux prix horaires les plus élevés :

• Langues vivantes : 53,3 €/h (en baisse).
• ACRE (création d’entreprise) : 58,9 €/h (exclues en partie).
• Secrétariat & bureautique : 38,8 €/h (moins demandées).

À l’inverse, les formations moins coûteuses (métiers du travail social, permis B) ont mieux résisté.

3. Des évolutions contrastées selon les spécialités

3.1. Les formations en forte hausse de prix (+5 % et plus)

• Enseignement & formation : +7,6 %
• Bilans de compétences : +5,9 %
• Création/reprise d’entreprise (ACRE) : +5,6 %
• Systèmes d’information : +5,0 %
• Santé : +5,0 %

Ces hausses s’expliquent par une demande soutenue et un besoin accru de qualifications.

3.2. Les formations à croissance modérée (moins de +5 %)

• Permis B : +2,8 %
• Travail social : +1,9 %
• Communication : +1,5 %
• Ressources humaines : +1,0 %
• Coiffure & esthétique : +0,8 %

Ces secteurs bénéficient d’une offre abondante, limitant la pression sur les prix.

3.3. Les spécialités en légère baisse

• Secrétariat & bureautique : -1,1 %
  (Effet de la baisse de demande et de la concurrence accrue.)

4. Perspectives pour 2024

4.1. Une inflation des prix qui devrait se poursuivre

Malgré la baisse apparente en 2023, la tendance sous-jacente reste à la hausse modérée (+3 % par an) en raison :

• De l’augmentation des coûts des organismes de formation.
• De la montée en qualité des formations éligibles.

4.2. Un marché en consolidation

• Moins de fraudes, mais une offre plus restreinte.
• Un recentrage sur les formations qualifiantes (labellisées, certifiantes).

4.3. L’impact des réformes à venir

• Nouveaux critères d’éligibilité (priorité aux métiers en tension).
• Renforcement des contrôles sur les prix abusifs.

Conclusion

La baisse du prix horaire moyen des formations CPF en 2023 est avant tout un effet statistique, lié au recul des spécialités les plus onéreuses. En réalité, les prix continuent d’augmenter (+3,1 %) à caractéristiques constantes, reflétant une inflation structurelle du secteur.

Pour les bénéficiaires, cela signifie :
✅ Une offre plus fiable, grâce au nettoyage du catalogue.
⚠️ Des formations globalement plus chères, sauf dans quelques niches.

À l’avenir, la régulation accrue du CPF devrait stabiliser les prix, mais aussi réduire certaines opportunités de formation peu coûteuses. Les candidats au CPF doivent donc anticiper leurs besoins et comparer les offres pour optimiser leurs droits.