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Reconversions professionnelles : négociations dans l’impasse, ultime tentative prévue le 25 juin

L’ambition de parvenir à un accord entre syndicats et patronat sur la réforme des dispositifs de reconversion professionnelle connaît un nouveau revers. Réunis ce lundi au siège du Medef à Paris pour une séance censée clore plusieurs semaines de discussions, les partenaires sociaux n’ont pas réussi à s’accorder. Face aux désaccords persistants et à ce que les syndicats qualifient de « cafouillage » dans la conduite des échanges, une nouvelle séance de négociation a été programmée pour le 25 juin, repoussant une fois de plus l’échéance.

Une négociation sous pression

Lancée à la demande du gouvernement, cette négociation interprofessionnelle devait aboutir à un accord sur la simplification des parcours de reconversion professionnelle. Un objectif jugé stratégique dans un contexte de mutations économiques, de transitions technologiques, et d’évolutions des compétences. Depuis la fin mai, syndicats et représentants du patronat ont multiplié les rencontres, dans l’espoir de structurer un cadre plus lisible et plus accessible pour les actifs souhaitant changer de métier.

Le gouvernement, par la voix des ministres Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités) et Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi), avait exprimé sa volonté de « simplifier le paysage existant » des dispositifs de reconversion, actuellement éparpillés entre douze mécanismes différents. Leur complexité nuit selon l’exécutif à leur efficacité et freine les démarches de reconversion.

Un accord attendu… mais qui se fait attendre

L’accord était initialement attendu pour le 16 juin, afin d’être intégré dans le projet de loi transposant les accords nationaux interprofessionnels (ANI) signés en novembre 2024. Ce texte législatif, déjà validé par le Sénat début juin, doit être examiné par l’Assemblée nationale avant la fin de l’année.

Or, malgré quatre réunions tenues avant celle du lundi 17 juin, aucun consensus n’a émergé. Les désaccords sont profonds, notamment sur les propositions portées par le Medef, qui souhaite recentrer le système autour de deux grands dispositifs en lieu et place des douze actuellement existants. Face aux critiques persistantes des syndicats, la réunion de lundi n’a pas permis de finaliser un texte. La séance décisive est donc repoussée d’une semaine, ce qui laisse planer un doute sur la possibilité réelle d’un compromis.

Des « cafouillages » dans la méthode

Côté syndicats, la grogne monte face à ce qu’ils décrivent comme une méthode de négociation brouillonne et inefficace. Plusieurs représentants dénoncent le manque de clarté dans les échanges, une préparation insuffisante, et l’impression d’un texte patronal figé malgré les remarques et contre-propositions formulées.

« Il y a un vrai problème de méthode. On avance à tâtons, avec un patronat qui écoute peu et répond encore moins », confie un négociateur syndical. Les critiques pointent également le rythme lent des avancées et le manque d’ouverture aux ajustements proposés par les centrales syndicales.

Une réforme sous tension

Le projet d’accord porté par le patronat repose sur une refonte complète du système actuel. Il propose la fusion du Projet de Transition Professionnelle (PTP) avec d’autres dispositifs comme le Fipu (prévention de l’usure professionnelle) et le C2P (compte professionnel de prévention), pour constituer un seul parcours de reconversion accessible à la demande du salarié.

Un second dispositif, appelé « période de reconversion », résulterait de la fusion de Pro-A et de Transitions collectives (Transco). Il viserait les reconversions internes ou les mobilités externes. Dans ce schéma, le contrat de travail pourrait être suspendu ou, dans certains cas, rompu, avec une assimilation à une démission si aucune solution de reclassement n’est trouvée. Un point qui suscite une vive opposition chez les syndicats, qui y voient une menace pour la sécurité de l’emploi.

Autre pomme de discorde : la volonté du patronat de mobiliser automatiquement le CPF (Compte personnel de formation) pour financer ces démarches, y compris celles initiées par l’employeur. Une mesure que plusieurs syndicats jugent inacceptable, rappelant que le CPF est un droit personnel et non un outil à la disposition de l’entreprise.

Les syndicats en désaccord profond

Pour les organisations syndicales, les propositions du Medef induisent un recul des droits des salariés et fragilisent les parcours de reconversion. Elles insistent sur la nécessité de sécuriser les transitions, en garantissant un retour à l’emploi stable ou un maintien dans l’entreprise à l’issue de la formation.

La CFDT redoute que ces dispositifs ne deviennent des outils de restructuration déguisés. Selon son représentant Yvan Ricordeau, l’accord risque d’être utilisé pour éviter les plans sociaux, en transférant la charge du changement professionnel au salarié. La CGT évoque un projet « flou et inquiétant », tandis que FO pointe un texte « déséquilibré, construit au détriment des salariés ».

Le temps presse, la pression monte

Avec une nouvelle réunion fixée au 25 juin, le compte à rebours est lancé. Le gouvernement, déjà confronté à un climat politique tendu, souhaite éviter un échec des négociations, qui l’obligerait à légiférer seul sur la question. En effet, le projet de loi en cours d’examen habilite l’exécutif à prendre par ordonnance les mesures nécessaires en cas d’absence d’accord. Une perspective redoutée par les syndicats, mais aussi critiquée par de nombreux parlementaires, attachés au rôle du dialogue social dans la construction des politiques de l’emploi.

Vers un accord ou une impasse définitive ?

La prochaine réunion du 25 juin s’annonce donc cruciale. Les partenaires sociaux devront faire preuve de réelles concessions pour éviter une issue conflictuelle. Car en l’absence d’accord, le gouvernement pourrait imposer unilatéralement sa vision, au risque de fracturer encore davantage un paysage social déjà fragilisé.

Dans un contexte de transitions économiques majeures, de pénuries de compétences et d’évolution des métiers, la réussite d’une réforme de la reconversion professionnelle est pourtant un enjeu essentiel pour l’avenir du travail. Mais pour qu’elle soit acceptée, elle devra reposer sur un équilibre entre souplesse pour les entreprises et protection pour les salariés. Un équilibre encore loin d’être trouvé à l’heure actuelle.


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